La terrible histoire du jour : Huit enfants d’une même famille tués à Gaza

0
173

Les petits corps reposent sur le sol de la morgue de Khan Younès. Tous membres de la même famille élargie, ils ont perdu dix de leurs proches, dont huit enfants, lors d’une des frappes israéliennes sur la bande de Gaza. Ces victimes appartiennent à la famille al-Bakri, selon des secouristes et des témoins. À l’hôpital européen, sept dépouilles d’enfants ont été déposées dans des couvertures mortuaires blanches, sur le point d’être refermées sur leurs visages ensanglantés, entourées de membres de leur famille, comme l’a constaté un photographe de l’AFP.

Les populations paient un lourd tribut à la guerre qui a débuté le 7 octobre avec l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien depuis la bande de Gaza. En Israël, plus de 1 400 personnes ont été tuées, en majorité des civils touchés par des tirs, des incendies ou des mutilations dès le premier jour de l’attaque.

En représailles, les frappes israéliennes ont coûté la vie à au moins 3 785 Palestiniens, principalement des civils, selon un décompte du ministère de la Santé du Hamas, qui a enregistré au moins 1 524 décès d’enfants.

Jeudi, l’armée israélienne a annoncé avoir mené des centaines de frappes aériennes en 24 heures, ciblant les infrastructures du Hamas. Des nuages de fumée étaient visibles dans différents secteurs du nord du territoire. Après l’une de ces frappes, un photographe de l’AFP a constaté de nombreux signes de destruction dans une rue de Gaza : gravats, vitrines brisées et bâtiments effondrés.

Plus au sud, Dyala (2 ans), Ayman (3 ans), Hamada (5 ans), Zaher (2 ans) Bakri, ainsi qu’Oudai et Jamal Abou Al-Naja et Nabil et Acil Omran, âgés entre deux et cinq ans, « dormaient quand ils (les Israéliens) ont détruit la maison qui s’est écroulée sur leurs têtes », a raconté à l’AFP le patriarche de la famille Bakri, Abou Mohammad Wafi al-Bakri, 67 ans. Selon des témoins, ils se trouvaient au rez-de-chaussée de la maison de trois étages, entre Khan Younès et Rafah, et leurs corps ont été récupérés une heure après le raid. « Aucun de mes enfants n’est lié aux organisations palestiniennes. Il n’y avait pas d’hommes dans la maison au moment du bombardement », a-t-il ajouté.

À Rafah, un autre raid israélien a coûté la vie à une mère, Arij Marwan al-Banna, et ses deux filles, Sarah et Samya, âgées de moins de dix ans, selon des sources médicales palestiniennes. Arij Marwan al-Banna avait fui sa maison dans la ville de Gaza après un ordre d’évacuation adressé par l’armée israélienne à quelque 1,1 million d’habitants du nord du petit territoire, pour s’abriter chez ses parents à Rafah, plus au sud. Elle était enceinte de sept mois. Les médecins à l’hôpital de Rafah l’ont fait accoucher post mortem par césarienne, mais le bébé était déjà mort, selon une source médicale.

Le personnel médical de Gaza estime ne plus être en mesure de soigner les blessés en raison du manque de médicaments, d’eau et du carburant nécessaire aux générateurs. Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza a assuré jeudi que l’hôpital de Deir-al-Balah, au centre de ce petit territoire où vivent plus de deux millions de personnes, était à court d’équipement médical.

Israël a massé ses troupes autour du territoire palestinien en vue d’une invasion et a coupé l’approvisionnement en électricité, carburants et eau dans une partie de Gaza.

À Gaza ville, Ahmad al Mulla, muni de deux bouteilles en plastique, raconte avoir été envoyé par sa mère à une distribution d’eau. « Parfois, on attend notre tour pendant deux heures pour nous rendre compte qu’il n’y a plus d’eau. L’eau c’est la vie, aucun humain ne peut survivre sans », raconte l’adolescent. « La situation est très difficile. Pas d’eau, pas d’électricité, pas de nourriture », renchérit Um Mohammed al Mullah. Elle relève que l’eau des biberons est souvent salée, au risque de rendre malades les plus petits.

Lors de sa visite mercredi, le président américain Joe Biden a obtenu le feu vert israélien pour laisser entrer depuis l’Égypte les camions d’aide humanitaire au point de passage de Rafah, le seul non contrôlé par Israël.

Jeudi, un média proche du renseignement égyptien a assuré que le terminal ouvrirait vendredi. « Nous exhortons ceux qui peuvent le faire (laisser passer l’aide humanitaire) de faire en sorte que cela se produise, s’il vous plaît, pour éviter la tragédie qui nous attend », a imploré depuis Genève le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom. L’aide humanitaire doit entrer « tous les jours » dans Gaza pour subvenir aux besoins, a de son côté déclaré un haut responsable de l’OMS, qui estime que les 20 camions d’aide prévus seront insuffisants.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici