« Je ne voulais pas qu’elle mente », soutient Justin Trudeau

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Le chef libéral nie les allégations de Jody Wilson-Raybould selon lesquelles il aurait souhaité qu’elle mente au sujet de pressions indues subies dans l’affaire SNC-Lavalin.

Jody Wilson-Raybould revient hanter son ancien chef en pleine campagne électorale. Après avoir été évoquée à plusieurs reprises pendant le débat en anglais par les adversaires de Justin Trudeau, voilà que l’ex-ministre de la Justice et procureure générale soutient, dans un livre à paraître mardi, que le premier ministre sortant aurait souhaité qu’elle mente concernant l’affaire SNC-Lavalin.

Dans un extrait publié samedi matin par le quotidien Globe and Mail de son livre intitulé Indian in the Cabinet, Speaking Truth to Power, Mme Wilson-Raybould affirme que Justin Trudeau lui aurait suggéré à mots couverts de nier avoir subi des pressions indues afin qu’elle évite un procès à la firme d’ingénierie SNC-Lavalin, accusée de fraude et de corruption relativement à ses activités passées en Libye.

Je savais ce qu’il me demandait, en réalité, ce qu’il voulait dire. À ce moment précis, j’ai su qu’il voulait que je mente, écrit Mme Wilson-Raybould dans ses mémoires politiques, décrivant un échange privé avec M. Trudeau dans les jours qui avaient suivi la publication d’un article selon lequel l’entourage du premier ministre avait tenté de faire pression sur elle.

Dans l’extrait d’un peu plus de 3000 mots, elle relate également la manière de parler agressive et condescendante de Justin Trudeau après qu’il ait compris qu’il n’obtiendrait pas ce qu’il voulait.

Une version de l’histoire qu’a niée en bloc le chef libéral lors d’un point de presse, à Mississauga. Je ne voulais pas qu’elle mente, a-t-il laissé tomber, en anglais. 

Ces allégations sont fausses. Ce n’est pas quelque chose que j’ai fait ou que je ferais.Une citation de :Justin Trudeau, chef du Parti libéral

Les gens savent qu’on a discuté longuement au cours des deux dernières années de tous ces enjeux. Ça a été discuté et étudié longuement même avant la dernière élection [en 2019], a-t-il rappelé. Quand on veut faire de grandes choses, c’est sûr qu’on finit par accumuler le poids de certaines décisions, de certaines réalités.

Le chef conservateur a été appelé à réagir lui aussi samedi aux allégations formulées par Jody Wilson-Raybould. Les Canadiens méritent mieux. J’ai beaucoup de respect pour Mme Wilson-Raybould. Et la situation avec le scandale SNC-Lavalin est un autre exemple d’un gouvernement sans éthique, a dit Erin O’Toole, qui en a profité pour rappeler sa promesse d’adopter des lois sur l’éthique plus sévères.

Pour Jagmeet Singh, ce qui ressort de l’extrait partagé par Mme Wilson-Raybould, c’est son courage. L’histoire de Jody Wilson-Raybould, c’est l’histoire d’une femme forte qui partage sa vérité, a déclaré le chef néo-démocrate. C’est important de le faire. Et je veux saluer le courage de partager son histoire, je reconnais comment c’est difficile et comment c’est important pour les femmes et pour tout le monde.

Jody Wilson-Raybould a été élue sous la bannière libérale dans la circonscription de Vancouver Granville en 2015. Elle est devenue députée indépendante en avril 2019, après son exclusion du caucus libéral. La même année, elle a été réélue comme indépendante dans sa circonscription. Elle ne fait pas actuellement campagne pour sa réélection.

Coupable de fraude, mais pas exclue des contrats fédéraux

Le 7 février 2019, le Globe and Mail a publié un article citant des sources confidentielles selon lesquelles des pressions indues avaient été exercées par l’entourage du premier ministre sur la procureure générale du Canada. L’objectif de ces pressions? Que Jody Wilson-Raybould tente de convaincre la directrice des poursuites pénales de conclure un accord de poursuite suspendue avec SNC-Lavalin. La firme d’ingénierie était alors accusée d’avoir versé 47,7 millions de dollars en pots-de-vin au régime libyen entre 2001 et 2011.

En vertu d’un tel accord, la firme aurait admis des actes répréhensibles et payé une amende, mais aurait pu continuer de soumissionner à des contrats publics fédéraux. À l’opposé, le fait d’être reconnue coupable au terme d’un procès criminel aurait pu l’empêcher de soumissionner sur ces lucratifs contrats pendant 10 ans.

En décembre 2019, SNC-Lavalin Construction a finalement plaidé coupable à une accusation de fraude, ce qui lui a valu une amende de 280 millions de dollars, mais qui lui a permis d’éviter un procès. Les procédures visant les deux autres filiales, Groupe SNC-Lavalin et SNC-Lavalin International, qui faisaient face aux mêmes accusations, ont quant à elles été abandonnées par les procureurs fédéraux.

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