Au commencement, c’était un couteau à la portée de la gorge d’un homme. Au finish, ce fut le sang d’un mouton qui se versa. Le symbolisme mythique de cet acte renvoie, à ses formes les plus pures, à la soumission et à la confiance face au divin. Perpétuer l’acte revient carrément à nous rappeler les sentiments éprouvés et les positions, quelque peu inconfortables, dans lesquelles s’étaient trouvés père et fils. C’est l’effet de l’éternel rappel, quoi que l’oubli n’ait pas lieu d’être. 

Pour rappel, Allah, dans son infinie et large volonté, a voulu éprouver sa fidèle créature. Cette dernière, à l’occurrence le prophète Ibraahiim, s’était trouvée pendant des années sans progéniture. Ce ne fut qu’aux horizons de ses 86 ans qu’il se vit gratifier d’un enfant qu’il appela Ismaahiil. Alors qu’il était aux anges d’avoir enfin eu un enfant, son seigneur lui ordonna de l’immoler. Quoi de plus dur comme épreuve que de devoir égorger par ses propres mains son unique enfant qui plus est eu très tardivement. Et pourtant, le prophète s’était exécuté. Le coran raconte cet épisode, en commençant par les propos d’Ibraahiim, en ces termes : « Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en penses ». Ismaahiil dit à ce propos : ” Ô mon cher père, fais ce qui t’est commandé : tu me trouveras, s’il plaît à Allah, parmi les endurants “. (Coran, Sourate37 Verset 102). Et le Coran qui rapporte ce dialogue, poursuit en ces termes :” Puis quand tous deux se furent soumis (à l’ordre d’Allah) et qu’il l’eut jeté sur le front, voilà que nous l’appelâmes : ” Abraham ! Tu as confirmé la vision (…) Et nous le rançonnâmes d’une immolation généreuse ” Sourate 37, Versets 103-104-105-107.

        Ainsi, réduire voire calquer la célébration de cette fête symbolique à l’unique aspect festif est très simpliste, pire déviant même de la vraie finalité de cet acte. Elle devrait être des moments de réflexion, d’introspection de notre rapport avec le créateur et d’évaluation de nos actions. De plus, il nous incombe de savoir tirer profit de cette occasion en nous mettant aussi à l’épreuve de la résistance face aux contraintes et pesanteurs sociales. En outre, l’heure devrait être à la méditation sur les circonstances de cet acte symbolique, sa survenance, son déroulement et son dénouement. Il est niais, limite inconscient de perdre de vue le côté instructif des recommandations spirituelles afin de mieux cerner le sens de la vie et d’appréhender sa finalité. Arriver à faire la part des choses entre le religieux et le spirituel aide à bien savoir comment tirer le maximum des deux sans tomber dans le fanatisme ou l’extrémisme, ou plus grave, se détourner de l’un ou de l’autre en tombant dans la déviance ou l’ostentatoire.      

         Il est clair que cette fête du sacrifice a atteint une dimension nationale et fait l’objet de théâtralisation hallucinante qui voit s’affronter : dépenses inestimables et conséquentes, manifeste et flagrante volonté du paraître au contact de la pesanteur sociale. Cela fait intervenir d’autres facteurs qui se présenteront après la fête dont le casse-tête de la gestion des dépenses post-Tabaski et les éventuelles dettes qui peuvent en découler pour ceux qui ont eu la malheureuse idée de se rabattre à cette ultime solution pour satisfaire les attentes sociales.  

La tabaski, au fur et à mesure qu’elle est célébrée dans le temps et acquiert petit à petit cette dimension, a subi progressivement l’immixtion de certaines pratiques sociales et coutumières qui biaisent radicalement sa dimension religieuse. Aujourd’hui, on ne peut quasiment pas échapper au diktat des pressions socioculturelles dans la célébration de la tabaski. C’est ainsi que certains s’arrogent, à tort mais à cause du regard social, le devoir infondé d’attaquer des béliers qui sont à coup sûr au-dessus de leurs bourses.

La société est pesante. Son côté ostentatoire, de m’en-t-on vu, de qu’en dira-t-on fait qu’elle entache facilement le religieux et transforme, voire dévie, facilement la finalité de ses prescriptions à des fins purement artificielles.  

         Voire en cette Aid El Kabir de simples séances de festivités folkloriques, d’exhibitionnisme social et sociétal, de rivalités et de concurrences banales, de l’expression et de la représentation du paraître est la pire vision réductrice et simpliste qui soit. Malheureusement, à la manière avec laquelle les choses sont déroulées, le constat est général : le sociétal l’emporte sur le spirituel. 

de toutes les façons, à la fin de la journée, il faut se rappeler ce passage du coran où Dieu dit: « Ni leur chair ni leur sang (les bêtes) n’atteint ALLAH, mais ce qui l’atteint de votre part, c’est la piété… » (Sourate.22, Verset.37).

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