«Convois de la liberté»: le Canada dégage l’accès au pont frontalier avec les États-Unis

0
218

La police canadienne a dégagé ce dimanche 13 février l’accès au pont Ambassador, point de passage stratégique entre les États-Unis et le Canada, bloqué depuis lundi 7 février par des manifestants anti-mesures sanitaires. Une opération saluée par Washington.

Une conseillère du président Joe Biden à la sécurité nationale, Liz Sherwood-Randall, a exprimé « sa reconnaissance pour les efforts résolus déployés par les forces de l’ordre (canadiennes) le long de la frontière pour parvenir à la levée complète des blocus ». « Les autorités canadiennes ont l’intention de rouvrir le pont Ambassador aujourd’hui après avoir achevé les vérifications de sécurité nécessaires », a-t-elle précisé dans un communiqué.

Washington avait exercé une certaine pression sur le gouvernement canadien en lui demandant la semaine dernière d’employer « les pouvoirs fédéraux » pour mettre fin à un blocage ayant des « conséquences sérieuses » sur l’économie américaine à cause de l’importance des échanges empruntant ce pont. Sa fermeture a déjà entraîné des perturbations pour l’industrie automobile des deux côtés de la frontière. Plus de 25 % des marchandises exportées entre les États-Unis et le Canada transitent par ce pont, point de passage le plus fréquenté entre les deux pays.

Un important contingent de policiers s’était regroupé aux abords du pont en début de matinée dimanche, arrêtant des manifestants et remorquant des véhicules. La police a dégagé la route menant au pont, mais les autorités n’ont pas précisé quand la circulation serait rétablie. L’opération, marquée par la prudence et une certaine lenteur, avait commencé samedi matin, mais n’avait pas permis d’évacuer tous les protestataires.

Des revendications variées

Le maire de la ville voisine de Windsor s’est réjoui que la « crise économique nationale au pont Ambassador (ait) pris fin aujourd’hui ». Le passage transfrontalier sera rouvert « quand il sera sûr de le faire », a-t-il ajouté, laissant à la police et aux services frontaliers la responsabilité de cette décision. Un important cordon policier continuait toutefois à protéger la zone dimanche après-midi, la police indiquant que les opérations de maintien de l’ordre se poursuivaient, car des manifestants se trouvaient toujours à proximité.

Le mouvement de contestation canadien, qui entre dans sa troisième semaine, était parti d’un mouvement de camionneurs protestant contre l’obligation d’être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les États-Unis, mais les revendications se sont étendues à un refus de l’ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.

Des manifestations se sont poursuivies pendant le week-end dans plusieurs villes canadiennes, dont Toronto et Montréal samedi, et d’autres passages frontaliers demeurent bloqués dans les provinces du Manitoba et d’Alberta.

Si la situation à Ottawa était plus calme dimanche matin, le mouvement n’a pas faibli dans la capitale canadienne paralysée par les manifestants depuis fin janvier. De nombreux manifestants se trouvaient toujours dans le centre d’Ottawa dimanche et, témoignant de l’exaspération croissante des résidents, des contre-manifestants ont tenté d’arrêter un convoi de protestataires.

L’armée comme « dernier, dernier recours »

Le ministre de la Protection civile Bill Blair s’est montré très critique à l’égard de la police d’Ottawa, jugeant « inexplicable », dans une interview à la chaîne CBC, que la police de la ville ne soit pas capable de rétablir l’ordre. « La police doit faire son travail » et « faire appliquer la loi dans cette ville », a-t-il martelé.

Tout en soulignant que c’était à la police de rétablir l’ordre, il a affirmé que « le gouvernement fédéral était prêt à faire tout ce qui sera nécessaire pour reprendre le contrôle de la situation et rétablir l’ordre », une déclaration qui paraissait marquer un léger changement de ton des autorités.

Interrogé sur la possibilité de demander à l’armée de contribuer au rétablissement de l’ordre, le Premier ministre Justin Trudeau avait déclaré vendredi que ce serait une « solution de dernier, dernier, dernier recours ».

 À lire aussi : «Convoi de la liberté» au Canada: à Ottawa, le mouvement s’enracine dans la ville

Cette contestation au Canada a inspiré d’autres initiatives similaires dans le monde. En France, quelque 1 300 véhicules participant aux convois anti-passe venus de toute la France ont fait escale dimanche près de Lille (Nord), avant un rassemblement prévu lundi à Bruxelles, malgré l’interdiction des autorités belges. Des milliers d’opposants au passe sanitaire ou au président Emmanuel Macron avaient convergé vers Paris pour y manifester la veille, baptisant leur mouvement « convois de la liberté », comme au Canada.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici