Moctar Sourang du Frn sur les émeutes de mars : «Il y avait des risques de coup d’État»

Le Front de résistance nationale prend acte de la date du 23 janvier 2022 retenue pour les prochaines Locales. Son coordonnateur a annoncé hier, au Jury du dimanche d’Iradio, que l’opposition est en train de peaufiner une «grande coalition» pour faire face au pouvoir. Moctar Sourang a, par ailleurs, révélé qu’il y avait des risques de coup d’Etat avec les manifestations de début mars.

Par H. KANE – Le président de la Républi­que a fixé la date des élections territoriales au 23 janvier 2022. Donc, contre la volonté de l’opposition qui exigeait que le scrutin se tienne en décembre 2021. Depuis, le Front de résistance nationale (Frn) n’avait pas communiqué sur cette décision de Macky Sall. Son coordonnateur qui était l’invité du Jury du dimanche hier, indique que le Frn a «pris acte» de la date retenue et n’entend pas boycotter les élections. «On s’est battus et on a même suspendu notre participation pour alerter. Il ne faut pas qu’ils viennent demain nous dire qu’on ne peut pas organiser deux élections dans une même année. Nous avons prouvé techniquement qu’il était possible d’organiser les Locales en 2021. D’ailleurs, malgré la désapprobation de l’opposition, des non-alignés, de la Société civile et même de l’Administration, le Président Macky Sall a choisi la position de son camp», a rappelé Mohamadou Moctar Sourang. Qui ajoute : «En tout cas, en tant que coordonnateur du Frn, à partir de maintenant je travaille pour la constitution d’une large coalition de l’opposition. Nous allons y aller ensemble pour gagner ces élections. Nous sommes convaincus que le Président Macky Sall n’a plus la majorité dans ce pays. Le M2D, proche de Ousmane Sonko, et le Frn sont en discussion et sont en train de parachever ce qu’on appelle un «mécanisme d’unité d’action» qui va nous permettre d’agir, de manifester et de revendiquer ensemble. Et je puis vous assurer que c’est presque bouclé.» Le coordonnateur du Frn est en effet persuadé que l’avenir de l’opposition dépend de son unité. «Soit on est ensemble soit on disparaît. Déjà, il y en a qui ne peuvent plus être candidats. Si on n’y prend garde, même pour Ousmane Sonko il y a beaucoup d’incertitudes. Il a un dossier et ils (le pouvoir) peuvent le prendre comme une épée de Damoclès. Ils peuvent attendre les élections pour le convoquer, le déstabiliser. Personne n’a intérêt à aller aux élections seul. J’ai une position qui me permet aujourd’hui de discuter avec les uns et les autres dans ce sens», a dit M. Sourang.

«Il y avait des risques de coup d’Etat»
Le coordonnateur du Frn, très sollicité par le Khalife général des mourides dans l’affaire Sonko-Adji Sarr qui avait provoqué de violentes manifestations début mars, a lâché une phrase qui peut faire trembler. Beaucoup le pensent tout bas mais lui l’a dit hier tout haut. «Quand on a failli franchir la ligne rouge, parce que c’était quand même grave, il y avait des risques de coup d’Etat. Je demeure convaincu que si on n’avait pas arrêté le mouvement, ce serait la catastrophe», a-t-il dit relativement aux chaudes manifestations dans les quartiers de Dakar. Et pour lui, les réponses du Président Macky Sall, qui avait déclaré avoir «compris» le message, ne sont pas celles qu’il attendait. «Au lieu d’en tirer des leçons, concrètement, j’ai l’impression qu’on a mis dans la tête du Président que c’était une vague qui a fait des dégâts et qui est derrière nous», a-t-il dit. Moctar Sourang trouve heureusement que le Sénégal est un pays «merveilleux». «Ce qu’on a, c’est ce que le Mali et les autres pays de la sous-région n’ont pas. Ce n’est pas le pouvoir et l’opposition qui sont en face. Dans les pays de démocratie on parle de contre-pouvoir. Ici, nous avons des forces citoyennes, de la Société civile et maraboutiques qui jouent un rôle d’arbitre quand il y a danger», a-t-il salué. Lui qui avait soutenu Macky Sall en 2012 constate qu’il a changé. «Je vois en lui un homme qui est en permanence dans les calculs politiques. Toute sa stratégie, c’est comment faire pour gagner, comment faire pour se maintenir, comment faire pour éliminer des adversaires», a-t-il constaté. Or, le leader de l’Union nationale patriotique (Unp) s’attendait à ce que le chef de l’Etat «calme le jeu» en «remettant dans le jeu» Karim Meïssa Wade et Khalifa Sall par «leur rétablissement dans leurs droits».

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