Gestion de la pandémie : Sur fond de critiques, l’Oms ouvre la porte à une réforme

L’Organisation mondiale de la santé a ouvert son Assemblée annuelle le lundi 18 mai, en vidéoconférence, pandémie de coronavirus oblige. La maladie Covid-19 a, sans surprise, été au cœur des discussions. L’Oms a émis des critiques et en a reçu. L’institution les entend et pense à se réformer pour mieux répondre à ses défis futurs.

A 72 ans, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a découvert un nouveau concept ce lundi 18 mai. Pour la première fois de son histoire, l’Assemblée annuelle de l’agence des Nations unies s’est tenue virtuellement. Et pour cause : en cette période de pandémie de coronavirus, il était inconcevable que les 194 membres de l’Oms se réunissent en personne, alors que les recommandations de distanciation sociale sont toujours en vigueur un peu partout dans le monde.

Florilège de critiques
D’entrée, le ton de cette assemblée s’est voulu offensif. Antonio Guterres a égratigné les pays qui ont «ignoré les recommandations de l’Oms». Le secrétaire général de l’Onu a vu «très peu d’unité dans (notre) réponse face au Covid-19» et a regretté : «Les pays ont suivi des stratégies différentes, parfois contradictoires. Et (nous) en payons le prix fort. (…) Le virus s’est répandu dans le monde entier et se dirige maintenant vers les pays du sud, où il pourrait avoir des effets encore plus dévastateurs.»
L’Oms, prise pour cible par le Président américain Donald Trump qui l’accuse de mauvaise gestion de la crise, a reçu une nouvelle attaque des Etats-Unis quelques heures plus tard. Une sorte de réponse peut-être, signée Alex Azar, secrétaire américain à la Santé. «Soyons francs quant à l’une des principales raisons ayant fait que l’épidémie a échappé à notre contrôle : cette organisation a échoué à obtenir les informations dont le monde avait besoin et son échec a coûté de nombreuses vies humaines», a-t-il lancé. Une manière aussi de relancer la querelle entre les Etats-Unis et la Chine, les premiers reprochant à Pékin d’avoir dissimulé l’ampleur de l’épidémie devenue pandémie.
Alors que le bilan de la maladie Covid-19 dépasse désormais les 315 mille morts et les 4,7 millions d’infections et que les reproches fusent de part et d’autre, un consensus semble émerger quant à l’usage d’un éventuel futur vaccin : tous souhaitent qu’il soit universel. Antonio Guterres veut que la recherche d’un remède soit «le point de départ» d’un mouvement d’unité contre le virus.
Emboîtant le pas à d’autres leaders mondiaux, le Président chinois Xi Jinping a assuré qu’un éventuel vaccin élaboré dans son pays sera un «bien public mondial». Le chef d’Etat a même promis une enveloppe de 2 milliards de dollars sur deux ans, consacrée à la lutte contre le Covid-19.
Emmanuel Macron a, lui, répété dans une vidéo un discours déjà tenu il y a quelques jours, en pleine polémique autour du laboratoire Sanofi et de sa volonté de privilégier les Etats-Unis avant les autres Nations en cas de découverte d’un vaccin. Le Président français a martelé qu’un éventuel vaccin sera «un bien public mondial auquel chacun devra pouvoir avoir accès».
Dans cette assemblée qui doit se poursuivre mardi 19 mai, il a également été question d’une résolution portée par l’Union européenne qui évoque un «processus d’évaluation» à lancer dans les meilleurs délais pour examiner la riposte sanitaire internationale et les mesures prises par l’Oms face à la pandémie.
Cette éventualité n’est pas écartée par l’agence, bien au contraire. Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Oms, l’a d’ailleurs promise aux 194 pays membres : «Je lancerai une évaluation indépendante le plus tôt possible, au moment approprié, pour examiner les expériences et leçons tirées et formuler des recommandations en vue d’améliorer l’état de préparation et la réponse aux pandémies à l’échelle nationale et mondiale.» Tedros Adhanom Ghebreyesus estime que l’Oms et ses membres ont «tous des leçons à tirer de cette pandémie». «L’Oms est engagée à faire preuve de transparence, de responsabilité et d’amélioration continue», a-t-il insisté, tout en rappelant que «les risques restent élevés» et qu’il y a encore «un long chemin à parcourir».

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