Tassette – « Les deux tracteurs faisaient la course, l’un est passé sur les trois filles » : Le film de l’accident et les témoignages déchirants

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Trois jeunes filles, toutes âgées de 15 ans, ont perdu la vie dans un accident, ce mardi 17 octobre 2023, à hauteur du CEM situé à l’entrée de la ville de Tassette dans la région de Thiès. Deux de leurs condisciples avec qui elles se trouvaient au moment des faits s’en sont sorties avec de graves blessures. L’Observateur dans sa livraison du jour est revenu sur le film de l’inadmissible drame et les témoignages déchirants des témoins.

Après une journée studieuse, des élèves en classe de 5° secondaire à Tassette s’étaient mises en route pour rentrer à Tassette Peulh où leurs parents les attendaient. Trois parmi ces filles, A. Ka, A. Ka, C. Ka, âgées de moins de 15 ans, n’auront jamais l’occasion de raconter leur journée d’étude. Elles ont été rattrapées par la mort en cours de route. De façon cruelle. Percutées de plein fouet par un tracteur. Selon des témoignages, le chauffeur de cet engin, B. Cissé, a perdu le contrôle et a fini sa course sur les victimes avant de prendre la poudre d’escampette. Il sera rapidement interpellé par la gendarmerie de Notto Diobass et placé en garde à vue. Le chauffard laisse derrière lui cinq victimes, dont trois vies fauchées et deux autres filles blessées. Informée de l’accident, l’Inspection académique de Thiès a alerté les sapeurs-pompiers et la gendarmerie. Lesquels se sont rendus sur les lieux du drame et ont conduit les blessées aux urgences de l’hôpital régional de Thiès et les corps sans vie des trois filles à la morgue de la même structure de santé.

Trouvée chez elle à Tassette Peulh, Aminata Bâ, mère de la victime A. Ka, témoigne que ces filles, en rentrant de l’école, étaient assises sous un arbre au bord de la chaussée pour se reposer un peu avant de poursuivre leur chemin. Et c’est là que le tracteur est venu les heurter. Selon elle, l’engin est passé sur A. Ka ensuite sur C. Ka et A. Ka, avant que les autres ne prennent la fuite pour se sauver. «C’est un événement très dur. Elle était très disciplinée et très discrète. Elle était toujours première de sa classe. Elle m’aimait beaucoup. Son rêve c’était de réussir dans ses études et me sortir de la pauvreté. Ce rêve est brisé par ce chauffeur. Elles sont toutes mortes dans des conditions tragiques», pleure cette mère. Avant de poursuivre : «Ce matin, avant d’aller à l’école, j’ai remis à ma fille la somme de 500 FCFA et elle est partie étudier. Elle est revenue à la maison à 10 heures pour ensuite retourner faire son deuxième cours à 12 heures. On s’est parlé avant que je quitte la maison pour aller aux champs et je l’ai laissée dans sa chambre en train de réviser ses cours. A mon retour, j’ai pris mon bain puis effectué la prière de 14 heures. C’est après qu’on m’a annoncé la mauvaise nouvelle. Et j’ai subitement pensé à ma fille. J’ai perdu une bonne partie de moi. J’ai voulu voir son corps, mais ils m’en ont empêché», dit Aminata Bâ.

Le sieur Aliou Tall fait partie des premiers à arriver sur les lieux du drame. Il a trouvé les deux filles déjà mortes et la troisième vivante mais coincée sous l’arbre. «J’ai essayé de la sauver mais elle était presque partie. Elle a duré sous l’arbre et a fini par succomber. Au moment des faits, j’étais en train de prier et j’ai entendu le bruit du choc. C’est ensuite que j’ai couru pour voir ce qui se passait et j’ai trouvé que ces filles étaient heurtées par un tracteur», a-t-il narré avant de poursuivre: «On a trouvé les filles à terre, se vidant de leur sang».

Le visage pâle, les yeux larmoyants, Oumou Sow est la mère de la victime A. Ka. Elle dit être parmi les premières personnes à apprendre la nouvelle dans ce village. «C’est un conducteur de moto Jakarta qui est venu m’annoncer l’accident. Il m’a dit avoir vu des victimes d’accident sur la route et que les trois sont déjà mortes. J’ai vite envoyé un enfant pour qu’il aille informer les hommes qui étaient à la mosquée. C’est ainsi que tout le village est allé sur les lieux pour s’enquérir de la situation et on a trouvé les filles à terre, se vidant de leur sang. C’est tellement dur mais nous nous en remettons à Dieu», a-t-elle raconte.

Au domicile du chef de village de Tassette Peulh, tout le monde ou presque est en pleurs. Assis au milieu de la cour, Moussa Mbodj est l’oncle de la victime C. Ka. L’air triste, il est sous le choc. La voix pleurante, il annonce que ces trois filles mortes dans l’accident étaient toutes des amies. «Elles étaient toujours ensemble depuis toutes petites. Elles allaient et rentraient de l’école ensemble. Elles partageaient la même classe. Elles ne se sont jamais séparées jusqu’à mourir ensemble. Collé Ka est la fille du chef de village de Tassette Peulh. Ces filles étaient bien éduquées et très respectueuses. Elles aimaient étudier étaient des musulmanes pratiquantes. Elles n’avaient pas du temps pour aller jouer. Après l’école, elles aidaient leurs mères à faire les travaux domestiques. C’est un événement dur. Nous avons perdu des enfants qui avaient un avenir, mais nous nous en remettons à Dieu», a-t-il témoigné.

Avant de donner sa version des faits. Selon les témoignages de Moussa Mbodj, «les deux tracteurs faisaient la course sur la route et c’est dans ces circonstances que l’un : a perdu le contrôle pour aller percuter les enfants. Le tracteur est passé sur les trois filles qui sont mortes. Les deux autres sont blessées, dont l’une au front et l’autre avec des fractures au niveau des deux jambes.
Cette dernière était coincée sous un arbre avant d’être extirpée puis conduite à l’hôpital», a confié Moussa Mbodj. Qui n’a pas manqué de dénoncer une lenteur dans les interventions des sapeurs-pompiers et de la gendarmerie. «Après l’accident, les filles sont restées plus d’une heure sur les lieux sans être secourues. On a longtemps attendu les sapeurs-pompiers mais ils sont arrivés tardivement. On est resté pendant une heure à regarder les corps sans vie. La situation était devenue incontrôlable. Certains pleuraient, d’autres s’étaient évanouis. C’est l’ambulance de Tassette qui est venue en premier mais elle n’est pas assez confortable pour conduire des blessés dans les meilleures conditions. L’accident s’est produit à 14 heures, la gendarmerie est arrivée sur les lieux vers 15 heures et les sapeurs-pompiers vers 16 heures. On ne pouvait pas intervenir. On n’avait que nos yeux pour pleurer», a-t-il déploré. Selon lui, l’inhumation des trois défuntes

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