Traite des personnes : Ces contraintes qui annihilent la collecte des données

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La lutte contre la traite des personnes souffre d’une faible application de la loi 2005, la méconnaissance des concepts, les résistances culturelles et sociales, et la nécessité d’aborder la traite de façon frontale. 
S’agissant des données actualisées et fiables sur l’ampleur de la traite des personnes, elles sont rares, voire quasi inexistantes. «Les informations disponibles sont souvent reconstituées à partir de rapports institutionnels, d’articles de médias et d’extrapolations de chiffres basés sur les tendances migratoires et les cas de traite», a expliqué Mody Guirandou Ndiaye. Le secrétaire général de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes (CNLCLP) estime que les difficultés liées aux données résultent du fait qu’aucune analyse nationale complète ou aperçu général au Sénégal n’est faite. Il s’est exprimé pendant un atelier de sensibilisation sur la collecte des données et diagnostics de la politique de gestion des données et de système des statistiques sur la traite des personnes.
 La traite des êtres humains est aujourd’hui un «commerce très rentable». Des personnes sont transportées comme des marchandises, transférées des pays «producteurs» aux pays «consommateurs». Ce fléau est amputé aux frontières ouvertes, aux phénomènes politiques, aux phénomènes mafieux, aux phénomènes économiques et à la migration. Elle passe ainsi comme le troisième trafic illicite au niveau mondial et comme une infraction difficile à caractériser. En effet, la pauvreté, qui fait que de nombreuses populations sont prêtes à risquer le trafic, à risquer l’exploitation, pour venir dans des pays qui paraissent comme des eldorados. Les formes tournent autour de la prédominance du travail domestique précoce chez les jeunes filles qui font l’objet d’un trafic des zones rurales vers les milieux urbains (étude CNLTP sur servitudes domestiques). 
Il est noté une tendance croissante du nombre de jeunes filles en provenance d’autres pays ouest-africains, qui sont soumises à la servitude domestique et à l’exploitation sexuelle, y compris le tourisme sexuel. S’y ajoute la prévalence croissante de la mendicité forcée dans les grandes villes du Sénégal, affectant principalement des talibés de moins de 12 ans qui sont victimes de la traite des zones rurales dans le pays, ainsi que des pays voisins. En outre, un nombre élevé d’enfants qui travaillent sans avoir atteint l’âge minimum d’admission à l’emploi dans les activités agricoles minières et domestiques, des filles qui sont soumises à la pratique de l’exploitation sexuelle, de la prostitution d’autrui, du tourisme sexuel, de la pornographie infantile, de la prolifération des salons de massage. 
 Le Sénégal s’est engagé à ratifier l’ensemble des conventions et des protocoles relatifs à la traite des personnes et au trafic de migrants, selon El Hadj Babacar Diop qui a représenté le ministre de la Justice. Ces conventions et ces protocoles appellent une mise en œuvre effective de ces instruments, selon le directeur des Services judiciaires qui invite à adopter une approche multidisciplinaire intégrant aussi bien les services de justice et de police que l’ensemble des acteurs en contact direct avec les victimes, qu’il s’agisse des ONG, des services sociaux et plus largement des acteurs de la société civile, ainsi que les partenaires techniques et financiers (PTF). «La solution n’est pas que légale ou judiciaire, mais sociale et culturelle, parce que le phénomène est très complexe et il y a une absence de réponses simples», dit-il.

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