Inde: pourquoi le nombre de morts du Covid-19 est largement sous-estimé

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L’Inde fait face depuis un mois à une vague fulgurante d’infections de Covid-19 : plus de 386 000 cas enregistrés en 24h pour 3 500 décès. Cela parait beaucoup en termes absolus, mais assez peu pour un pays d’1,3 milliard d’habitants. Rapporté à la population, le nombre de décès en Inde représente trois fois moins qu’au pic de la première vague en France. Les causes des décès en Inde sont cependant très rarement rapportées en temps normal et encore moins en temps de pandémie.

En temps normal, seulement 18% des décès sont rapportés en Inde et la cause de la mort enregistrée. Cela fait déjà 4 décès du Covid sur 5 qui passent sous le radars à cause de ce problème administratif.
À cela, il faut rajouter le mauvais dépistage : selon les études sérologiques récentes, seulement 3% des Indiens infectés ont été officiellement déclarés positifs, contre 25% en Europe. Or si une personne n’est pas testée positive, elle ne peut pas être officiellement morte du Covid-19.
Enfin, il y a une volonté politique de rapporter le moins possible de cas, et de faire passer ces décès pour des morts naturelles.
Hemant Shewade, chercheur et docteur de médecine communautaire, explique pourquoi la comparaison avec la mortalité européenne est trompeuse.
« Nous ne comparons jamais les pays selon les décès qu’ils rapportent. En France, le système d’enregistrement des décès est quasiment parfait et s’il y a des erreurs, elles sont corrigées. En Inde, ce système est très mauvais et on ne corrige jamais. Le Goujarat n’a par exemple enregistré que 20 morts dans une journée, alors que ce même jour, 300 crémations ont été réalisées en suivant les protocoles Covid. Imaginez l’ampleur de la sous-déclaration des morts. »
Selon ce chercheur, la mortalité par habitant est au moins aussi élevée en Inde qu’au Brésil.

Des victimes du Covid-19 sont incinérées sur un terrain converti en crématorium géant à New Delhi, le 23 avril 2021. DANISH SIDDIQUI / REUTERS


Des travailleurs se reposent après avoir convoyé les corps de victimes du Covid-19 sur un site de crémation à New Delhi, le 24 avril. ALTAF QADRI / AP


Un crématorium pour incinérer des victimes du Covid-19 à New Delhi, le 24 avril. ADNAN ABIDI / REUTERS


Des bûchers dressés pour incinérer les corps de victimes du Covid-19 sur un terrain converti en crématorium à New Delhi, le 24 avril. ALTAF QADRI / AP


Un homme en tenue de protection veille la dépouille d’un proche mort du Covid-19, avant son incinération, à New Delhi, le 24 avril. ADNAN ABIDI / REUTERS


Un homme attend l’incinération de membres de sa famille morts du Covid-19, assis sur un tas de bois servant à alimenter les crémations à New Delhi, le 24 avril. La consommation de bois pour incinérer les corps est telle que les autorités commencent à couper les arbres des parcs de la ville. ALTAF QADRI / AP


Sur un terrain utilisé comme crématorium afin d’incinérer les victimes du Covid-19 à New Delhi, le 24 avril. DANISH SIDDIQUI / REUTERS


Vue aérienne d’un terrain à New Delhi converti en crématorium géant pour incinérer les victimes du Covid-19, le 22 avril. DANISH SIDDIQUI / REUTERS

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