Coronavirus : Comment la France se protège contre le variant indien ?

Ils ont beau avoir des consonances exotiques, les variants qui viennent d’Afrique du Sud, du Brésil et maintenant d’Inde, inquiètent l’Europe.

Au premier rang, le Royaume-Uni, qui a une importante communauté indienne et a vu les chiffres de l’épidémie de coronavirus remonter. En effet, c’est le pays du monde où l’épidémie accélère le plus (+74 %, 2.600 nouveaux cas par jour) sur la dernière semaine. Le variant indien représente entre la moitié et les trois quarts des nouveaux cas et menace le déconfinement. Ce qui fait craindre à la France de revivre le scénario catastrophe expérimenté avec le variant britannique lors de la troisième vague… Faut-il vraiment craindre ce variant indien ?

Quel risque pèse sur la France ?

Ce dernier inquiète en tout cas le conseil scientifique français. Qui a dévoilé vendredi un nouvel avis le concernant. Première précision : il n’y a pas un, mais trois variants indiens. Celui qui se diffuse en Europe et donc en France, nommé B.1.617.2 « pourrait être jusqu’à 50 % plus transmissible que le variant UK », déjà 60 % plus contagieux que la souche initiale. En revanche, rien ne prouve pour le moment qu’il entraînerait plus de formes graves et de décès.

Plus fondamental, ce variant ne réduirait pas l’efficacité des vaccins utilisés en France, à quelques points près. Une étude britannique montre ainsi que le sérum de Pfizer passe d’une efficacité de 93 % contre le variant britannique à 87 % quand on rencontre son cousin indien. Pour AstraZeneca, on passe de 66 % à 59 %.

Comment la France se prépare ?

Deux leviers ont été activés. Tout d’abord, pour éviter que le variant ne dissémine, la frontière avec notre voisin britannique va devenir plus difficile à franchir. A partir de ce lundi, les Britanniques et citoyens de pays n’appartenant pas à l’Union européenne devront de nouveau justifier d’un motif impérieux pour entrer en France. Surtout, tous les voyageurs arrivant au Royaume-Uni doivent s’isoler pendant quatorze jours. Et ceux en provenance du Royaume-Uni pendant sept jours à leur arrivée en France. Jusqu’alors, 16 pays faisaient l’objet d’une quarantaine obligatoire, dont le Brésil, l’Inde, l’Argentine ou la Turquie. Sur le papier, cela veut dire que les forces de l’ordre peuvent vérifier de manière inopinée la présence des voyageurs sur leur lieu de quarantaine et leur infliger une amende de 1.000 à 1.500 euros en cas d’absence.

Mais les choses se sont compliquées car jeudi, le ministère des Affaires étrangères a finalement précisé que le « contrôle systématique à domicile ne leur sera pas appliqué »… « C’est une mesure indispensable, elle aurait pu venir plus tôt », souffle Philippe Amouyel, professeur de santé publique au Centre Hospitalier de Lille et directeur de la Fondation Alzheimer. Est-ce qu’elle sera suffisante ? « C’est une autre histoire, nuance-t-il. Jusqu’à présent, même isolé, on a un droit de sortie de 10h à 12h. L’isolement et son contrôle, c’est un des soucis aujourd’hui. »

Deuxième enjeu : la surveillance. Selon le dernier point épidémiologique de Santé Publique France (SPF), au 25 mai, 46 épisodes (des foyers, soit une centaine de malades en tout) impliquant au moins un cas de variant du lignage B.1.617 ont été rapportés. La majorité des épisodes sont liés à des retours d’un voyage en Inde ou d’un pays limitrophe. Pour l’instant, ces foyers n’ont pas diffusé et ont été endigués, selon SPF. Pas sûr que cela continue. Car la France a nettement moins de moyens pour séquencer que le Royaume-Uni. Reste que les prochaines enquêtes Flash, qui séquencent toutes les deux semaines quantité de tests, doivent permettre de suivre à la trace la progression de ce variant

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