Comparaison des tarifs des péages du Sénégal et du Maroc : Cheikh Mbacké Sène corrige Ousmane Sonko.

Le Président de Pastef, Ousmane Sonko, s’est permis de comparer à tort les coûts et tarifs des péages des autoroutes du Maroc et celles du Sénégal. L’expression « comparaison n’est pas raison » prend tout son sens sur ce cas de figure, où tout diffère concernant les deux projets évoqués dans les deux pays respectifs. Les deux péages ne sont pas logés à la même enseigne.

L’exemple du péage marocain – à titre comparatif – est très mauvais et témoigne de la légèreté de cette analyse du politique Ousmane Sonko, pour quelqu’un qui aspire diriger un jour le pays. 

Le péage du Maroc date de 1989. Les tarifs s’expliquent, entre autres, par le mécanisme de financement initial et les amortissements qui s’en sont suivis. Plusieurs ajustements ont été opérés sur demande des usagers au fil des ans sur cet axe, qui est le plus fréquenté, car reliant la capitale économique à la capitale administrative du Maroc. 

Puis, le Maroc gère lui-même ses infrastructures autoroutières à travers la société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) et le contrôle des états se faisant avec le concours du LPEE (Laboratoire public d’essais et d’études ), auprès duquel j’ai été pendant deux ans consultant attitré en communication institutionnelle. 

En plus d’un processus qui a abouti à la révision des tarifs, une gestion nationale et le montage spécifique initial qu’il faut prendre en considération, il faut y ajouter les valeurs ajoutées que constituent l’exploitation des aires de repos. Sur l’axe Rabat- Casablanca, il existe à hauteur de Bouznika deux aires de repos respectivement dans les deux sens qui sont de véritables espaces de détentes et de restauration, avec en prime la présence de la franchise américaine « Mcdonald » d’un côté et la franchise locale « Oasis », laquelle appartient à l’actuel Ministre de l’agriculture Aziz Akhannouch d’un autre.  

Ces deux aires de repos qui font face abrite aussi des stations services « Shell » d’un côté et « Afriquia » qui appartient également à l’actuel Ministre de l’agriculture Aziz Akhannouch d’un autre côté. Des opérateurs qui versent des dividendes plus importantes que celles générées par l’unique station qui existe sur l’axe Patte d’Oie – Diamniadio (Station service « Total » adossée à son enseigne de supérette « Bonjour » à hauteur de Dalifort)  

Les tarifs d’exploitation d’une infrastructure varient forcément d’un pays à un autre, sur la base de plusieurs facteurs et données spécifiques aux réalités de la contrée en question.

Un inspecteur des impôts doit pouvoir savoir également que le coût tout comme les tarifs d’une infrastructure sont corrélatifs et varient  forcément d’un pays à un autre sur la base de plusieurs facteurs et données : par exemple crédibilité des acteurs, modèle de partenariat (PPP), rentabilité du projet, mécanismes et moyens d’exécution, partenaires à l’exécution…

Le problème ds tarifs du péage n’est pas lié au concessionnaire, mais philosophiquement à l’étape où le Sénégal est aujourd’hui dans son programme de densification des infrastructures autoroutières pour un pays qui n’a pas l’expertise dans le domaine et encore moins ne produit tous les matériaux nécessaires à l’édification de ses ambitions structurelles. L’étape où nous sommes aujourd’hui en matière d’infrastructures routières et autoroutières, le Maroc y était à la fin des années 90. Il est inintelligent de comparer les actions de deux pays dans un domaine sur lequel ils n’ont pas les mêmes années d’expériences et encore moins les mêmes réalités ou encore les mêmes partenaires.

Ne mobilise pas de fonds d’investissement qui veut. La crédibilité est déterminante.

Ousmane Sonko a avancé, en substance que n’importe qui aurait pu mobiliser un tel consortium et en conséquence une telle manne financière d’investissement. Je précise que la mobilisation du capital pour un tel projet dépend de la crédibilité du régime demandeur et de ses partenaires d’exécution. Les bailleurs (ou les consortiums) se basent sur des données tangibles et non sur des données politiciennes et ne mettent point leur argent n’importe où. Donc ne mobilise pas de fonds d’investissement qui veut, contrairement à ce que M. Sonko veut faire croire aux sénégalais

Par Cheikh Mbacké Sène*.

(*- Expert en Communication sensible et intelligence économique formé par la Banque Mondiale sur les PPP, Cheikh Mbacké Sène connaît bien le Maroc et de surcroît le projet des autoroutes du Maroc  qu’il a vu grandir. Il  l’a accompagné d’une certaine manière en tant que consultant en communication stratégique auprès des acteurs et gestionnaires de premier plan, à savoir le LPEE, ou encore toutes l »association AMGS et le CMMSG composés des experts du secteurs et avec qui il organisait des séminaires mensuels sectoriels sous tutelle des Autoroutes du Maroc. Cheikh Mbacké SENE a été au service de la communication des trois dernières structures entre 2012 et 2014 et échangeait en permanence avec les Autoroutes du Maroc (ADM).

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