Portrait : Samba Sall, doyen des juge : L’histoire du défunt juge en charge du dossier de Sonko et Thione Seck

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Samba Sall a été le dernier à s’entretenir longtemps avec Thione Seck libre. Ce juge d’instruction ancien du 2e Cabinet près du tribunal de grande instance de Dakar qui n’aime pas les lumières a été mis au-devant de la scène par l’affaire Thione Seck, car c’est lui qui l’a envoyé en prison.

Samba Sall aurait pu être du barreau. Mais, il n’aime pas faire du surplace, alors il a visé plus haut, plus grand. Au bout du compte, il est devenu magistrat. Fourrer son nez pour avoir des infos sur ces «décideurs» d’un autre monde, c’est aller à la ramasse, car l’on n’obtient que des bribes d’échos sur Samba Sall, doyens des juges du Tribunal de Dakar. Le nom ne vous dit rien ? Eh bien, c’est ce juge qui a scellé le sort de Thione Seck et lui a délivré le billet de la première date de sa tournée dans la très peuplée prison de Rebeuss. Il l’a fait sans hésiter, s’asseyant sur ses états d’âmes. On ne sait pas s’il est féru de la musique de Ballago, s’il lui arrive, chez lui, de se lâcher ou de décompresser en écoutant l’artiste Thione Seck, bercer ses nuits apaisantes ou stressantes et ses samedis de détente. Dans les couloirs du Palais de Justice, l’on est moins sûr que ce juge d’instruction du 2e Cabinet qui passe pour un iconoclaste, un homme vintage et distant des choses de son époque soit amateur de bringue et de Mbalax endiablé du Raam-Daan.

Au tribunal de Dakar, certains pouffent des rires étouffés, quand ils voient débouler ce juge débraillé qu’on pourrait assimiler à ces ploucs qui remplissent les couloirs du Palais de Justice de Dakar. L’on raconte que lors du face-à-face avec l’artiste Thione Seck, il portait un boubou traditionnel quelconque et se foutait que le pli du pantalon qu’il avait plissé jusqu’au mollet n’était pas bien ramené à sa place. Au tribunal, tout le monde vous dira : Samba Sall n’est pas du genre à soigner sa mise. Lui est un théoricien du droit et cela lui suffit amplement. Le droit, c’est sa vie, il vit comme une règle de droit, avec comme principe essentiel, le singulier n’est pas une illusion. Cela suffit pour asseoir une personnalité. Un homme tout court.

«Il est de la même promo au Cfj avec le Procureur Serigne Bassirou Guèye…»

Samba Sall est un quadra qui a réussi avec brio le très sélect concours de la Magistrature pour intégrer le Centre de formation judiciaire (Cfj) en 1997. Au Cfj, il passe inaperçu, se tue à la tâche pour expédier 18 mois de théorie et de pratique. Il fait partie de la promotion 98, en compagnie de Serigne Bassirou Guèye, procureur de la République qui occupe le devant de la scène médiatique. Le «l’ion indomptable» est son copain de cordée. Tiens, tiens ! Certaines mauvaises langues habituées du prétoire susurrent en silence que c’est lui qui lui file les dossiers dont il veut avoir un regard intéressé. Mais ce n’est pas connaître Samba Sall que de le ravaler à un rôle de «nègre de service». L’homme fait de son mieux pour ne pas ternir sa réputation. L’épate, l’esbroufe, le m’as-tu-vu, il abhorre. Il est tombé dans la Magistrature comme un joueur de football tombe sur le banc de touche d’un club de football.

Après des études passées à la Faculté de Droit où on le caricaturait comme un rat de bibliothèque. L’on raconte qu’il se faisait un malin plaisir à empiler dans son cartable d’étudiant les ouvrages Dalloz et des grands maîtres. Il n’éprouve aucune peine à ensuite tenter le barreau. Il le réussit et fait son stage au Cabinet du défunt avocat à la Cour, Me Moustapha Diop. Après deux ans à écumer les prétoires, le jeune Sall se sent à l’étroit dans sa robe d’avocat. Il ne se voit pas dans ce boulot «noble», mais plein de tentations puériles et de deal foireux à l’abri des regards. Il décide alors de surprendre son monde en démissionnant sans fracas pour tenter la magistrature qui cadre plus à sa personnalité de juriste de dossiers, d’homme de Droit. Droit dans ses bottes. La suite, on la connaît. Il a ensuite fait quelques piges dans certains tribunaux correctionnels, avant de décrocher ce poste de juge du ancien 2e Cabinet qui lui a permis d’entendre cette phrase de Thione chanteur célébré par la Jet-set, devenu sur le tard milliardaire en toc : «J’ai 60 ans, 10 enfants dont un très connu, je ne vais pas raconter des messages ni…» Puis, d’un ton de prêcheur évangélique, Samba Sall lui a dit de ne se focaliser que sur l’essentiel et de s’armer de courage. Puis, il lui a dit sereinement qu’il est placé sous mandat de dépôt. Et le concert du Raam Daan prit fin sous une mauvaise note…

Dans les livres d’histoire du Sénégal, cette décision de déferrement va rester dans les annales. Mais que sait-on de ce juriste, de cet homme tout court ? Ses proches disent de lui qu’en bon Saloum-Saloum, c’est un vanneur impénitent. Un homme qui se cache pour vivre heureux. «Depuis que je le connais, je ne l’ai jamais vu courir les mondanités, les costumes cravates, faire l’intéressant, ce n’est pas son genre, lui s’il a un bon «Sabador», il peut s’en contenter entièrement», témoigne un habitué du Palais de justice. Ce n’est pas alors surprenant qu’il est le seul juge à se promener avec une mise dépenaillée, les heures de pause dans le hall du Palais de justice, avec sandales, s’il vous plait. De plus, il a le visage cajolé par un teint clair-obscur, un physique rondouillard de jeune premier, il n’a pas un côté inquiétant, mais un brin pétillant, rassurant, du charisme un tantinet excessif. Heureusement, même les hommes lisses ont une histoire, avec des zones d’ombre et des questions sans réponse. Thione Seck lui a dit qu’il a été placé sous mandat de dépôt par Dieu… Mais il a dû oublier que c’est Samba Sall qui a signé son déferrement et envoyé à Rebeuss. Musique !

La proximité avec le maître des poursuites, un de ses camarades de promotion au Centre de formation judiciaire, est aussi d’un bon secours.

Ce qui pousse certains observateurs à le décrire comme l’autre bras de l’Alliance pour la République (Apr), Parti politique du chef de l’Etat, Macky Sall

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