L’Ena remplacée par l’Institut du service public (et voici à quoi ça va ressembler)

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Le serpent de mer remonte (pour de bon) à la surface. Ce jeudi 8 avril, Emmanuel Macron officialise la suppression (maintes fois évoquées) de l’École nationale de l’administration (ENA), souvent dépeinte comme un lieu de reproduction d’une élite jugée “hors sol” et technocratique. Pour la remplacer, le chef de l’État annonce à l’occasion de la Convention managériale de l’Etat la création de l’Institut du service public (ISP).  

Le président de la République avait évoqué la disparation de l’ENA -dont il est lui même issu- le 25 avril 2019, en marge du “grand débat” organisé pour sortir de la crise des gilets jaunes. “Pas pour se donner le plaisir de supprimer, mais pour bâtir quelque chose qui fonctionne mieux”, avait-il indiqué. Deux ans plus tard quasiment jour pour jour, le chef de l’État rend sa copie et son entourage vante “un changement en profondeur et inédit depuis l’ordonnance de 1945 du général de Gaulle”, laquelle avait donné naissance à l’ENA.
“Mettre fin à la rente à vie”  

Une “révolution” qui consiste dans un premier temps à “mettre fin à la rente à vie et au parcours automatique en vigueur”, en supprimant le système d’affectation dans les grands corps (Cour des comptes, Conseil d’État et inspection générale des finances) par classement en sortie d’école. “L’affectation dans ces corps était devenue une fin en soi, alors que l’engagement doit être fait au service du public et de l’intérêt général”, justifie l’entourage d’Emmanuel Macron, lequel souhaite par cette réforme aboutir à “des cadres de carrière moins cloisonnés”.   

Cela passe par la création d’un corps unique dans lequel seront versés tous les élèves de l’ISP en sortie d’école, celui des “administrateurs de l’État”. Ceux-ci auront vocation à être affectés “en fonction des besoins”, et non sur le seul critère de classement, et ce, sur tout le territoire. À l’Élysée, on insiste par ailleurs sur l’importance de l’échelon départemental dans cette réflexion. Ce n’est qu’après avoir effectué ces “missions de terrain” qu’il sera possible dans un second temps de postuler dans les grands corps. 

En cas de refus d’affectation, le haut fonctionnaire pourra se voir proposer une rupture conventionnelle. Un système qui, selon l’Élysée, permettra “aux fonctionnaires méritants de montrer tout au long de leur carrière leur valeur, et non en fonction d’un classement obtenu en fin d’école”.

Autre changement de fond, la création d’un tronc commun aux 13 écoles de la fonction publique, de l’Institut National des Etudes Territoriales à l’École nationale de la magistrature en passant par l’École des Hautes Études en Santé Publique. L’idée: confronter les hauts fonctionnaires aux réalités de terrain, comme la laïcité ou les enjeux environnementaux. 

L’objectif derrière ces grandes manœuvres: répondre à la “défiance croissante entre les Français et leurs élites administratives et politiques” en décloisonnant la haute fonction publique. Une défiance que la crise sanitaire, dont la gestion parfois ubuesque a prêté le flanc aux critiques, n’a fait que renforcer.

Reste maintenant à savoir si cette réforme aura le temps de voir le jour d’ici la fin du quinquennat. Car si la loi de Transformation de la fonction publique du 20 août 2019 a donné à l’exécutif l’autorisation de légiférer par ordonnance, celle-ci expire au mois de juin. Un délai particulièrement court au regard des nombreux dossiers occupant l’exécutif.  

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