Entretien avec Cheikh Khouma, Jeune écrivain sénégalais

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Jeune auteur sénégalais très prometteur, qui s’est déjà illustré avec la poésie,
Cheikh Khouma est un étudiant sénégalais en L3 au Maroc. Il a déjà publié un
recueil de poème intitulé Roches Ruisselantes et deux chroniques sur Wattpad.
Phœnix est son premier roman. Nous l’avons joint depuis El Jadida (Maroc) et il
a aimablement accepté de s’entretenir avec nous malgré l’heure tardive à
laquelle nous l’avons eu.

Question : Pouvez-vous nous parler de votre parcours svp ?
Réponse : Il n’y rien à en dire, c’est un parcours modeste qui est loin de
connaître son épilogue. Mais pour répondre, je dirais qu’il a démarré dans
l’école coranique. Puis, je suis entré à l’école arabique de Serigne Cheikh
Mbacké à Touba avant d’y sortir avec un BFEM en 2015. A la même année, j’ai
été admis au BFEM français avec l’aide d’un grand Monsieur, Ablaye Sy qui est
directeur d’école à Touba. Grâce à ce BFEM obtenu, j’ai pu intégrer le lycée de
Mbacké. C’est là-bas que j’ai décroché mon Baccalauréat en 2018. Depuis, le
parcours se poursuit ici, au royaume chérifien.

Q : D’après nos recherches, vous avez obtenu une mention « bien » au bac en
plus d’être premier de votre centre. C’est bien ça ?
R : Ouais, c’est bien ça (sourire).

Q : Quel est votre rapport avec l’écriture ?
R : ouff….(silence). C’est un rapport de servitude. Je dirais qu’elle me met par
le bout du nez (rire)

Q : Depuis quand écrivez-vous et comment vous est venu cette passion ?
R : J’écris depuis que j’ai su écrire et la passion m’est venue naturellement. Pour
la petite histoire, quand j’étais au collège (arabe), on organisait des rencontres
entre les classes que l’on appelait « siyaar » et au cours desquelles des discours
se tenaient. Et moi, j’écrivais des fois les discours en Arabe mais souvent en
français. C’est là-bas que j’ai chopé le virus. Plus tard, avec un ami, Khadim

Thioune en l’occurrence qui est étudiant maintenant en France, nous avons créé
un groupe Facebook dénommé « le débat des intellectuels ». Le mot intellectuel
était lourd à l’époque mais c’était la fougue du jeune apprenant qui prédominait
(rire). Ces débats que nous menions ont fait muter le virus en moi.

Q : Quand est-ce que vous avez écrit votre premier poème ?
R : En 2011, et c’était pour ma mère. Je me souviens toujours des vers.

Q : Je crois savoir que vous êtes plutôt prolifique, vous m’avez confié que vous
écrivez trois poèmes en moyenne par semaine. D’où tenez-vous l’inspiration ?
R : De partout et nulle part, à la fois. Je ne veux pas paraître prétentieux mais
tout m’inspire. N’empêche qu’il m’arrive de me confronter au syndrome de la
page blanche, mais au final la muse finit toujours par se pointer.

Q : Et ce roman, quand est-ce que vous l’avez commencé et d’où vous est venu
l’idée ?
R : Je l’ai commencé en fin Mai 2020. Ça peut vous sembler dingue mais je l’ai
écrit en six mois. Avec le confinement et l’arrêt des cours, j’avais pas mal de
temps à tuer au fait. J’avais un autre tapuscrit que j’avais commencé il y a de
cela plus d’une année, un autre roman sur lequel je travaillais. Mais dès que les
premiers mots de celui-ci ont commencé à germer en moi, j’ai laissé tomber le
premier et je m’y suis mis de suite. L’idée m’est venue grâce à une série que je
regardais en ce moment, The originals, c’est une série d’horreur hein. Je vous la
déconseille si vous êtes sensible (rire). Certaines scènes m’ont inspiré.

Q : Je suis plutôt science-fiction moi (sourire), rassurez-vous. Alors, pourquoi
avoir choisi le nom d’un oiseau comme le titre de votre roman ?
R : Phœnix n’est pas un oiseau ordinaire, c’est un oiseau mythique qui remonte
jusqu’à la mythologie grecque. Sa particularité est qu’à chaque fois qu’il meurt,
il renaît de ses cendres, il ressuscite. Il symbolise la renaissance, la résurrection,
la réinvention, la réincarnation. Chose à laquelle je convie mes lecteurs.

Q : On a longtemps discuté du fond du livre, et j’ai constaté que le thème de la
femme revient toujours. Vous aimez les femmes ?
R : Quelle question ! (rire). Bien sûr que j’aime les femmes, je ne suis pas
misogyne quand même. D’abord, il faut savoir saisir le sens de mon « j’aime les
femmes » qui pourrait être interprété par « je respecte les femmes ». La femme,
c’est la vie. Je pourrais développer pendant des heures là-dessus. On connaît
tous la place que l’Islam a donnée à la femme et le rôle que cette dernière joue
dans la société. Elle en est le pilier, sous toutes ses formes. C’est pour ça qu’en
tant que poète, je chante souvent la femme. Et en tant que romancier, je la
défends.

Q : Vous la défendez contre quoi, contre qui ?
R : Contre le côté bestial de l’humain et l’injustice sociale. De nos jours, la
femme souffre : elle est maltraitée, malmenée, dévalorisée et injustement
reléguée au second plan. Je parle de tout cela dans mon livre à travers les
différentes histoires de mes personnages.

Q : En parlant de vos personnages, pourquoi vous avez tué la plupart d’entre
eux ?
R : (Rire) Ce n’est pas de gaité de cœur hein, l’intrigue et le besoin de justifier
un peu la personnalité du personnage principal me l’a imposé. J’avais aussi
voulu attirer l’attention sur la mort, c’est une question qui me fascine beaucoup
et j’y réfléchis souvent. Je veux que le lecteur, après avoir lu mon roman,
commence à penser souvent à cet inéluctable voyage.

Q : Vous attaquez viscéralement la société, pour quoi ?
R : Parce que j’estime que ses fondamentaux et ses soubassements méritent
d’être revus. Je crois que ce modèle de société que nous avons n’est pas digne de
nos réalités et de nos aspirations, il faut le repenser en conformité avec notre
identité. C’est pour cela que je déconstruis, à travers le livre, certains dogmes et
pré-reçus en jetant des pistes de réflexions.

Q : Le viol, l’excision, les enfants de la rue, la maltraitance et la marginalisation
des femmes, la pauvreté, le déséquilibre social, le rapport de force entre riches et
pauvres… que des thèmes sociaux, hein ?
R : Comme je l’ai dit, je mets la société face à ses maux et ses imperfections.

Q : Vous parlez aussi de l’amour, vous êtes un romantique ?
R : haha, je ne sais pas mais j’aime l’amour en tout cas : l’amour pur et sincère
même si je n’y crois plus vraiment (rire).

Q : Et pourquoi ?
R : C’est une longue histoire (rire). L’amour que je décris dans les pages du livre
entre Saliou et Aïssatou, c’est un amour bâti, modelé et façonné depuis
l’enfance. C’est l’amour de deux gamins qui ont grandi avec et qui ont su
apprendre à vivre en dépendance. C’est un amour curateur, réparateur,
vulnéraire ; un amour résurrecteur…

Q : Vous êtes romantique, je confirme (rire). D’abord poète puis romancier,
êtes-vous un touche à tout ?
R : Je ne sais pas, en tout cas je ne me fixe pas de limite en littérature. Qui sait,
j’écrirais peut-être des nouvelles, essais ou même ferais du théâtre. Je ne sais pas
ce que l’avenir me m’a prévu mais je me réserve d’autres productions inchallah
dont u deuxième roman qui est déjà en gestation.

Q : Inchalla ! Votre mot de la fin ?
R : D’abord, merci pour la tribune que vous m’avez offerte pour parler de mon
roman. Ensuite, j’aimerais dire à ceux qui le liront que le but est de provoquer
en eux une sorte de prise de conscience et de mise en question. Je veux que le
roman soit bouleversant et percutant, qu’ils ne s’en sortent pas indemnes et que
le contenu leur touche.

Journaliste : Merci Cheikh ! Le roman sera disponible d’ici à la fin du mois.
Pour s’en procurer, veuillez contacter l’auteur sur ce numéro : 00212 644811996

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