Fatima ndiaye sow, coordinatrice du projet biodiversité dans les écoles: « Nous nous inscrivons dans la construction de trajectoires éducatives positives pour l’apprenant »

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L’environnement, comme la santé en milieu scolaire, constitue un intrant pédagogique. Conscient de l’impact de l’environnement sur la santé et la sécurité des élèves, le projet «biodiversité dans les écoles» a été lancé. Celui-ci se propose de doter 12 établissements scolaires de Dakar de périmètres maraichers. Dans cet entretien, son initiatrice, Fatima Ndiaye Sow, explique les motivations et la finalité du projet.

Entretien réalisé par  Pape  Coly NGOME

Comment est née l’idée de mettre en place le projet «biodiversité dans les écoles»?

Le projet biodiversité dans les écoles est né à la suite d’une recherche scientifique que j’ai menée portant sur «la nature comme instrument d’une culture de la non-violence et un outil de résilience sociale». Après cette étude, une première expérimentation a été faite à Paris auprès d’étudiants via l’activité «adopte une plante». Quelques résultats de cette étude (non approfondie bien sûr) complétés par une enquête sociale menée auprès de lycéens sénégalais ont renforcé le socle de ce projet. Ce projet est une composante du programme de notre association «Biodiversity for peace» comme «Biodiversity for women » (avec 2 projets) et «Biodiversity for sport » (avec 2 projets).

Que pourrait être l’impact de ces périmètres maraichers sur les apprenants et les écoles ?

Nous sommes à un moment où l’importance de la nature sur l’individu est devenue une évidence. Plusieurs études ont démontré les effets positifs de la nature sur notre santé physique et psychique, sur l’acquisition de nouvelles connaissances, la capacité à vivre ensemble, à résoudre ensemble des problèmes vécus à partir d’une situation donnée, etc. En plus de ces aspects précités sur notre bien-être, le projet répond à des enjeux sociaux (amélioration des relations sociales, la décentration de ses difficultés, culture de la non-violence, etc.), des enjeux économiques (lutte contre la pauvreté par l’attribution d’une aide financière aux élèves vulnérables, renforcement des lignes sociales de l’école, etc.), des enjeux environnementaux contemporains (consommation bio, préservation de la biodiversité, intégration du végétal en milieu scolaire et en ville), mais aussi à un besoin d’ancrage territorial fort en fonction des potentialités de chaque localité. Il intègre l’objectif majeur qui est de «sensibiliser les populations à la biodiversité urbaine» et s’inscrit dans la construction de trajectoires scolaires et éducatives positives pour l’épanouissement et la réussite scolaire de l’apprenant. Le projet se conçoit comme un levier suscitant une profonde modification de nos comportements vis-à-vis de notre environnement physique, humain et social, du bien commun, de la nature, de la sauvegarde de la planète, etc. Il facilite le partage de connaissances au sens large, en y intégrant les dimensions de la culture de la paix (démocratie interne dans la gestion du projet par la mise en place d’un comité de pilotage et d’achats composés d’élèves), de l’éco-responsabilité, de la promotion des emplois verts, du recyclage des déchets, de la mixité et d’échanges intergénérationnels. Aussi, il faut se dire que l’école, après la famille, est le meilleur endroit pour une éducation favorisant le développement des forces positives pour une prise de conscience plus collective.

Dans la région de Dakar, quels sont les établissements bénéficiaires?

Dans un premier temps, à Dakar-centre, six lycées sont sélectionnés : Blaise Diagne, John Kennedy, Lamine Guèye, Lycée moderne de Dakar, Ouakam et Yoff. A la banlieue, six autres lycées composent la liste : Banque islamique, Keur Massar, Limamoulaye, Parcelles Assainies, Thiaroye et Yeumbeul.

L’équipe de Biodiversity for peace (B4P) a effectué des visites diagnostics dans tous les lycées concernés. Cet état des lieux risque de modifier quelques points du projet initial. Pas de panique car par rapport à la situation de certaines écoles, des activités subjacentes à la principale seront mises en place pour assurer la sécurité et la durabilité de l’action.

12 écoles sur plusieurs centaines, quels ont été les critères de sélection ?

Lors du lancement de B4P au ministère de l’Environnement et du Développement durable, sous le haut patronage du ministère de l’Education nationale, du Medd et de l’Unesco, certaines écoles et universités étaient invitées. A cette occasion, les lycées avaient présenté des plans d’actions sur les thématiques qui leur avaient été envoyées par nos soins pour une co-construction. La logique est que la phase qui vient de démarrer, privilégie ces lycées pour leur permettre de réaliser leurs objectifs.

Aussi après le lancement, B4P a signé une convention de partenariat avec la Ville de Dakar, ce qui a permis l’intégration des lycées de Dakar-centre dans ce programme. Pour revenir à votre question, le choix était consensuel entre B4P, le Medd et les inspections d’académie, mais je voulais juste vous parler de la genèse. Pour la banlieue, le choix est porté sur la première participation. Quant à ceux de Dakar-centre, la motivation des acteurs de l’école, l’espace disponible et l’accord de l’inspecteur d’académie étaient importants.

Je voudrais préciser que les autres lycées de la région de Dakar seront intégrés progressivement une fois la machine lancée. Notre ambition est d’intervenir dans tous les lycées avant d’intégrer les autres niveaux scolaires (préscolaire, élémentaire et collège). La mise en œuvre du projet tiendra compte des réalités et spécificités de chaque lycée. Des résultats de nos visites, il est impératif de prendre en compte les aspects assainissement et recyclage des déchets. Aussi, pour la pérennité de l’action, l’aviculture est prévue. Nous travaillons à ce que chaque projet soit autonome et durable.

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