Levée des mesures restrictives : Les marchés à l’épreuve du respect de la distanciation physique

Aux marchés Tilène, Petersen et Lamine Guèye, la vie a repris hier son cours quasinormal, au lendemain de la levée des restrictions décidée par le chef de l’Etat Macky Sall. Même si le port du masque est presque la norme, le respect de la distanciation physique reste le plus grand défi, surtout dans des marchés dakarois pas du tout aux normes.

Il y a encore quelques jours, un semblant de ville morte régnait à Dakar. Le Président Sall qui a autorisé la réouverture des marchés, qui sont des vecteurs de transmission, a décidé de redynamiser les centres d’échanges. Alors que les marchands de produits alimentaires et autres faisaient la navette entre les marchés qui sonnaient creux depuis plusieurs semaines. Au lendemain de la levée des restrictions, la vie a repris quasiment son cours normal dans les lieux de commerce. Tous les commerces sont ouverts au marché Tilène. La circulation dense. Au milieu des deux voies, des agents de l’Unité de coordination de gestion des déchets solides (Ucg) travaillent à rendre le cadre propre. De l’autre côté, clients et vendeurs de petits articles se disputent la chaussée. «Où est ton masque ? Il faut payer une amende de 5 000 francs Cfa», taquine le délégué des bijoutiers du marché, Hamidou Ba en Bazin rose. «Non, mon masque est là. Toi, tu ne portes même pas de masque, mais un turban», répond le délégué général du marché, Gorgui Diop. Habillé en jaune, assorti d’un bonnet rouge et babouches blanches, il a son masque blanc suspendu à l’oreille. Deux hommes heureux d’avoir retrouvé la liberté de rouvrir dorénavant leur commerce 6 jours sur 7. Comme auparavant !
Cette décision présidentielle soulage les commerçants qui commençaient à sentir l’impact de la crise. Pour le délégué général, «c’est une très bonne décision. Le Président a écouté son Peuple. C’était une forte demande des commerçants et de tous les musulmans du Sénégal. Nous ne pouvons qu’applaudir à l’assouplissement de l’Etat d’urgence parce que les restrictions ont eu un impact réel sur les activités commerciales». Selon Gorgui Diop, en quelques jours, «des quantités de denrées périssables ont été jetées à la poubelle. Si la mesure continuait à être en vigueur, même les vendeurs de tissus n’allaient pas échapper aux conséquences. Cela allait créer une crise économique dans le pays». En face de lui, un robinet avec des détergents installés à l’angle du marché. Ça fait partie des mesures de prévention contre le Covid-19. «Nous avons demandé la réouverture des marchés et des lieux de culte, ajoute-t-il, maintenant que chacun prenne ses responsabilités.» Ainsi, il en appelle au respect des mesures barrières car, dit-il, il s’agit d’abord d’un combat individuel avant d’être collectif. Ici, le respect du port de masque est presque adopté par tous. Le hic, aucune distanciation physique n’est respectée. Les gens n’ont pas encore conjugué au passé leurs vieilles et mauvaises habitudes.
L’axe Tilène-Petersen, sur l’avenue Blaise Diagne, renoue avec les embouteillages. Tout au long de cette avenue très fréquentée, magasins de pièces détachées, quincailleries, supérettes sont de retour au service. Non loin de là, à la gare Petersen, des files d’attente devant les bus. Seuls quelques rares individus déambulent sans masque alors que d’autres l’ont laissé accroché au menton. «Keur Mbaye Fall ! Grand Mbao !», vocifère un apprenti à l’endroit des passagers souhaitant rallier ces zones de la banlieue dakaroise.
Dans cette ambiance, les véhicules laissent échapper la fumée sous le vrombissement des moteurs. Sur l’avenue Lamine Guèye, au cœur de la capitale, la forte présence des Dakarois témoigne de la correcte reprise des activités. La petite mosquée peinte en vert, ceinturée par deux commerces, est fermée. Une affiche sur la porte indique les heures de prière dans la région de Dakar. Devant le lieu de culte, des vendeurs de chapelets, livres saints etc. guettent l’arrivée d’éventuels clients. A quelques mètres, une longue file est formée devant une boulangerie, sans respect de la distanciation physique d’un 1 à 2 m. Peur au ventre, les Sénégalais doivent apprendre à vivre avec le coronavirus.

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