De La nécessité de délimiter le champ de la sécurité au Sénégal

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Pour étudier la sécurité au Sénégal, il faut d’abord penser à s’éloigner du contexte occidental. Or, nous sommes habitués à l’envisager comme étant l’apanage des forces de défense. Au moment où la sécurité étatique se soucie de la souveraineté nationale, la sécurité sociétale se fixe comme mission de protéger l’identité d’un pays. Aujourd’hui, à la sécurité (problème classique qui fait appel à des réponses connues et confiées à des professionnels reconnus et identifiés) s’ajoute l’insécurité (un problème sans solution toute faite et dont on ignore les agents susceptibles de les résoudre et comment).

Selon David Baldwin, « The concept of Security » (1997) , la sécurité ne se résume plus à la « survie » au vu des enjeux internationaux. Quel que soit l’État concerné, sécuriser va bien au-delà des actions de défense ou de contrer les mouvements violents en interne. C’est un ensemble de calculs qui prend en compte à la fois les couts et les opportunités avec une question centrale: est-il judicieux d’investir dans l’armée et la police au détriment des agents d’inspection de l’environnement ou tout simplement dans l’éducation et la formation ?

Cette perspective, qui n’a rien à voir avec la sécurité telle que nous la voyons sous l’angle militaire, implique de nouveaux savoir-faire plutôt que les savoir-faire militaires. Dans son ouvrage Widening Security (2007), Barry Buzzan pose un postulat concis : « Etat agressé est simplement menacé alors qu’un Etat qui manque d’eau potable et d’air pur est tout simplement rayé de la carte ». Nous sommes là face à une « étude critique » de la sécurité au sens Damien Simonneau, qui est apparu dans un contexte post-guerre froide (1994). Dans son article « Regard critique sur le label : études critiques de la sécurité (2015) », il prône l’élargissement du concept de sécurité afin d’y intégrer des dimensions et des acteurs non militaires.

À cela s’ajoute l’approche que l’on pourrait avoir des problèmes de sécurité auxquels nous pouvons faire face. Selon, Stéphane Lemans-Langlois dans Traité de Sécurité Intérieure, il estime qu’il convient de poser un regard analytique et théorique sur la notion de « problème » de sécurité, notamment sur les activités consistant à identifier, comprendre, communiquer et trouver des solutions à des situations qui peuvent être perçues comme des problèmes de sécurité. Ici, sa vision ne pose pas vraiment de limites entre problèmes publics et privés, ceux qui sont du ressort de la police/gendarmerie et ceux qui concernent la sécurité privée.

En pratique, il estime que le fait d’avoir à surveiller en permanence, arrêter et condamner à répétition n’est ni efficace, ni efficience pour venir à bout d’un problème comme la délinquance ou la criminalité. Ce qui entraîne des conséquences indésirables sur le plan social, individuel ou économique Nous tenons à nous démarquer dès l’abord de ces types de solutions.

Pape Ousmane THIAW

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