« Comment la Senelec rackette les Sénégalais»

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Le collectif «Noo Lank» change de stratégie et passe à la vitesse supérieure dans sa lutte contre la hausse du prix de l’électricité. Face à la presse hier, «Noo Lank» a présenté un mémorandum intitulé «Soupçon de fraude : comment la Senelec rackette les Sénégalais» dans lequel il démonte en pièces les arguments du gouvernement concernant la hausse du prix de l’électricité. A les en croire, la Senelec a fraudé avec la complicité de la Commission de Régulation du Secteur de l’Electricité (Crse). Le président de Sos Consommateur, Me Massokhna Kane, demande l’audit du plan «Yeesal», de l’ASER et de la SENELEC.

Comme il l’avait annoncé dans le cadre de sa nouvelle stratégie de lutte pour obtenir du gouvernement le retrait de la mesure de hausse des prix de l’électricité, le collectif «Noo Lank» a présenté hier son mémorandum. Il s’agit d’un document de 26 pages intitulé «Soupçon de fraude : comment la Senelec rackette les Sénégalais» qui comporte les arguments du collectif de se révolter contre la mesure impopulaire du pouvoir d’augmenter les prix de l’électricité. Pour Aliou Sané et ses camarades, l’argument du gouvernement est infondé. «Il s’agit d’une stratégie frauduleuse sans scrupule basée sur une surestimation arbitraire et exagérée. Cette hausse est un moyen pour le gouvernement de permettre à la Senelec de transférer et de repartir sa dette au niveau des consommateurs.»

Pour asseoir leur thèse, les camarades de Bentaleb Sow évoquent le traitement que la Crse a réservé à l’approbation de la nouvelle grille tarifaire que lui a adressée la Senelec. «La Commission a validé la grille tarifaire en moins de 24h, ce qui ne respecte pas les lois et règlements», relèvent-ils avant de citer l’article 36 alinéa 6 du contrat de concession entre l’Etat du Sénégal et la Senelec qui stipule que «si la révision envisagée est telle que l’un au moins des nouveaux tarifs soit supérieur ou inférieur de plus de 5% aux tarifs correspondants appliqués durant les douze mois précédents, la Senelec soumet à la Commission un projet de révision et la Commission dispose d’un délai de deux mois à compter de la réception du projet de révision pour faire connaître sa décision.» Ce qui les pousse à dire que le travail de contrôle n’a pas été fait par la Commission qui, selon eux, s’est comportée comme une «sous-direction» et a permis à la Senelec de «s’auto-entraîner».

Toujours dans sa démarche de déconstruction de l’argumentaire de gouvernement, «Noo Lank» rappelle la hausse exponentielle des factures de l’électricité le mois même de l’entrée en vigueur de la mesure. «Au cours du mois de décembre, les clients de la Senelec ont été surpris de voir leurs factures connaître une hausse exagérée alors que les factures portent sur une période de consommation antérieure à l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs», indiquent Aliou Sané et Cie. Ainsi, le Collectif demande à la société nationale de l’électricité de cesser immédiatement la surestimation arbitraire et frauduleuse. «Le doute n’est plus permis sur la fraude qu’est en train d’opérer la Senelec en concomitance avec la Crse pour épurer sa dette.» D’ores et déjà, «Noo Lank» demande au Président Macky Sall d’annuler la hausse des tarifs de l’électricité et de saisir l’Inspection Générale d’Etat(Ige) afin d’évaluer la gestion de la Senelec, de 2012 à nos jours.

AUDIT DES STRUCTURES PUBLIQUES D’ELECTRICITE

Ayant pris part à la rencontre, le président de Sos Consommateurs, Me Massokhna Kane, se réjouit du combat mené par le collectif «Noo Lank». Pour lui, le Sénégal devait baisser les prix de l’électricité de moins de 30% au lieu de ramer à contre-courant.

Rappelant une batterie de mesures prises par le chef de l’Etat allant dans le sens d’assouplir l’accès à l’électricité, le défenseur des consommateurs trouve paradoxal qu’en 2020, les prix de l’électricité flambent. «Lorsqu’on dit qu’on va produire 1 229 MW, donc plus que le besoin des Sénégalais qui était environ de 800 MW, on ne va pas louer un bateau turc pour 5 ans pour une somme de 115 milliards Fcfa qui doit produire 240 MW. On ne peut pas être en surproduction et aller même jusqu’à envisager de vendre de l’électricité en Gambie et en Guinée Bisseau et aller louer des bateaux pour vous fournir de l’électricité», clame Me Massokhane Kane qui estime que tout ce qui a été avancé pour justifier cette hausse n’est pas fondé. «Comme mesure, il faut auditer le plan Yeesal.

Dans le plan Yeesal, dans le plan 2016- 2020, on nous avait promis qu’en 2020, on allait vendre le courant entre 60 et 80 F le Kwh. Maintenant, on en est au double. Ce qui veut dire que ce plan a échoué et qu’il faut l’auditer», fulmine-t-il. D’autant que beaucoup de centaines de milliards de F Cfa ont été investis dans le plan.

Dans la foulée, ils demandent également l’audit de l’Aser. Il estime d’ailleurs que l’audit de cette agence permettra d’éclairer la population sur l’électrification rurale. Poursuivant sa liste de revendication, il demande l’éclatement de la Senelec qui a été décidé depuis maintenant 10 ans afin de réduire ses charges. En outre, le leader consumériste demande la libération de Guy Marius Sagna qu’il considère comme un otage de la Senelec.

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