Discours de Macky Sall à la réunion présidentielle sur les faux médicaments à Lomé

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Excellence, Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé, Président de la République Togolaise,

cher frère, Mes chers Collègues, Mesdames, Messieurs les Ministres et Chefs de délégation,

Monsieur le Président de la Fondation Brazzaville, Mesdames, Messieurs,

Chers invités,

Je tiens d’abord à remercier vivement notre hôte, le Président Faure, pour son aimable invitation et son accueil toujours chaleureux.

Président Faure, je voudrais aussi te féliciter pour l’occasion opportune que tu nous offres de tenir cette importante rencontre consacrée aux faux médicaments. Les faux médicaments ne soignent pas. Ce sont des tueurs silencieux, qui posent un sérieux problème de santé publique. Et ce sont des prédateurs à grande échelle, qui constituent un fléau économique planétaire. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, entre 30 et 60% de faux médicaments circulent en Afrique, entrainant le décès de plusieurs centaines de milliers de personnes à travers le continent. Faiblement réprimé au plan judiciaire, le phénomène des médicaments contrefaits est extrêmement lucratif.

Selon l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (l’IRACM), pour mille dollars investis, le profit pour les organisations criminelles du secteur des faux médicaments, serait jusqu’à 500 fois supérieur. Le phénomène est d’autant plus préoccupant que les molécules dégradées et les produits médicaux de qualité inférieure ou falsifiés deviennent de plus en plus difficiles à détecter. Ils présentent souvent les mêmes apparences que les produits authentiques et peuvent ne pas provoquer de réactions indésirables évidentes. S’y ajoute que la vente de ces produits n’est pas seulement l’apanage de petites officines clandestines, ou des fameuses pharmacies par terre ayant pignon sur rue. Ce n’est là que la portion congrue d’un trafic beaucoup plus vaste par Internet, selon les méthodes de la criminalité organisée et de la cybercriminalité, qui envahit même des structures légales telles que des dépôts, des pharmacies, des dispensaires et des hôpitaux. En plus de parasiter le système de santé publique et d’exposer les consommateurs à de graves dangers, l’économie frauduleuse des faux médicaments met sérieusement en péril les circuits licites d’approvisionnement et de distribution. Autant dire qu’aucun effort ne doit être épargné pour lutter contre ce fléau de notre temps. Au Sénégal, nous avons mis en place en 2014, un Comité interministériel regroupant, sous l’égide du Ministère de la Santé, divers Services de l’Etat, notamment le Commerce, la Douane, la Police et la Gendarmerie, pour mener la lutte contre les faux médicaments, y compris par des opérations coup de poings, sur le terrain, réalisées par le Groupement polyvalent de recherche et de répression de la fraude (le GPR). En outre, nous avons initié la processus d’adhésion de notre pays à l’Agence Africaine des Médicaments et engagé la procédure de ratification de la Convention Médicrime portant sur la contrefaçon des produits médicaux et les infractions similaires menaçant la santé publique. Mais pour une action plus efficace, à impact global et durable, surtout dans des espaces d’intégration régionale, il nous faudra surtout déployer une synergie d’efforts dans la surveillance, le contrôle transfrontalier, l’échange d’expérience et l’harmonisation des législations. C’est pourquoi cette rencontre de Lomé vient à son heure.

Le Sénégal soutient le projet d’Accord-cadre sur la criminalisation du trafic de produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés. J’espère que son adoption et sa mise en œuvre contribueront à améliorer notre action commune de lutte contre la fabrication et la distribution des faux médicaments dangereux pour la santé de nos populations et pour nos économies. Aussi, à l’instar de beaucoup de régions du monde, l’Afrique pourrait-elle adopter progressivement des dispositifs de sécurité et de sérialisation des produits de santé soumis à prescription, qui permettent leur authentification, leur traçabilité et la vérification de leur intégrité. Nous atteindrons ainsi, plus rapidement, les objectifs du Plan de fabrication de produits pharmaceutiques pour l’Afrique (le PMPA), adopté par l’Union Africaine, en vue d’améliorer l’accès des populations africaines à des produits médicaux et à des technologies sanitaires de bonne qualité, sans risque et efficaces.

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