Mboro : Enquête sur Ibrahima Ndiaye, le pourfendeur de feu Serigne Mansour Sy

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– Ibrahima Ndiaye jouit de toutes ses facultés mentales. Pour ses détracteurs, il est juste un adulte insolent qui ne tolère pas les confréries, qu’il dénigre en allant jusqu’à traiter feu Serigne Mansour Sy Borom Daradji de féticheur et de fou, qui a plusieurs fois tenté de le tuer quand il a décidé de quitter la Tarikha tidiane.

Il existe des hommes qui ont le courage du lion. Ils n’ont peur de rien. Adossé sur leur foi et leurs croyances, ils renvoient tout à Dieu. Ibrahima Ndiaye est de cette catégorie de croyants qui pensent que seul Dieu est le Maître du destin de l’homme. Il n’a pas peur de la mort. Ce sexagénaire  est un dur à cuire. Maîtrisant les arts martiaux, il n’a jamais eu peur de se frotter à ses adversaires. Depuis quelques semaines, il affole la toile et la communauté tidiane par ses révélations fracassantes sur le défunt khalife général des Tidianes, Serigne Mansour Sy Borom Daradji.

A une rue de la brigade territoriale de la gendarmerie de Mboro, les disciples de la fédération des dahiras Tidianes se sont retrouvés pour manifester leur colère contre cet impénitent pourfendeur de feu Serigne Mansour Sy, défunt khalife général des Tidianes. Ibrahima Ndiaye a accusé Serigne Mansour Sy d’avoir plusieurs fois cherché à attenter mystiquement à sa vie, en vain, tout juste parce qu’il avait décidé de quitter la Tarikha Tidiane. Les yeux derrière des lunettes, El Hadji Wane, membre de la fédération des dahiras Tidianes de Mboro cache mal son dégoût. «La prétendue proximité d’Ibrahima Ndiaye avec feu Serigne Mansour, dans les années 1980, est pur mensonge, d’autant plus que ses aînés à Mboro, qui ont eu à accompagner le guide, n’ont jamais assisté à une quelconque rencontre entre eux. C’est le lieu de rappeler qu’en 1958, feu Serigne Mansour Sy s’était installé et avait acquis ses premières terres à Mboro. Depuis cette année marquant son installation dans la zone, les fidèles de la localité ont été à ses côtés dans la ferveur religieuse, jusqu’en novembre 2012 avec son départ pour la France où il rendit l’âme le 7 décembre 2012», renseigne-t-il.

El hadji Wane est catégorique. Ibrahima Ndiaye n’a jamais été membre d’un dahira dans la commune de Mboro. Il a juste voulu jeter le discrédit sur la Tarikha Tidiane. Cela ne s’explique pas qu’il ait attendu 2019 pour faire des déclarations aussi mensongères.

«Il est loin d’être fou» 

Wane pense qu’Ibrahima Ndiaye a violé la Charia et la Sunna qu’il prétend défendre. Car le Prophète (Psl) interdit formellement à un musulman de tenir des propos malsains à l’endroit d’un défunt musulman, la mémoire d’un défunt étant sacrée, nul n’a le droit de lui manquer de respect ou de l’offenser. Aujourd’hui, El hadji Wane n’a que du mépris pour ce détracteur du défunt khalife des Tidianes, qui porte atteinte à la paix publique, à la stabilité de ce pays et surtout à l’honorabilité d’une autorité religieuse.

Les uns aussi choqués que les autres, les disciples Tidianes broient du noir dans cette commune où la moindre étincelle peut conduire à une implosion sociale. Chapelet à la main, le vieux El hadji Ndiaye prédit déjà la misère au contempteur de son vénéré marabout. «On entendra bientôt parler de lui. Il va finir très mal. On ne touche pas à Serigne Mansour. Il cherche le buzz. Il l’aura, parce qu’il est déjà tristement célèbre. Son existence ne sera pas un fleuve tranquille, parce qu’il n’aura plus la paix. Il nous a provoqués. Le procureur de la République doit sévir contre ce gars avant qu’on ne le tue. Personnellement, il me répugne. Quand je l’ai vu dernièrement, je n’ai eu envie que de l’assommer avec ma canne», indique-t-il.

Polygame et chef de famille d’une smala, Ibrahima Ndiaye est finalement honni par les talibés Tidianes de Mboro. Dans son quartier natal à Ndiob, ses voisins se souviennent de cet homme de petite taille à la démarche rapide. «Il n’a pas fait l’école française. Il n’a pas non plus fait des études poussées à l’école coranique. Je pense qu’il a acquis des connaissances coraniques sur le tard. C’est un homme saint d’esprit. Il est loin d’être fou. Nous habitions le même quartier à Ndiob où vivent encore ses frères dans leur concession paternelle. Ibrahima Ndiaye a déménagé dans un autre quartier de la commune Ngaye Ngaye. C’est un musulman orthodoxe. Il ne croit pas aux confréries religieuses, encore moins à leurs fondateurs», indique Adama Mactar Seck Mboro.

Un intégriste à cheval sur l’orthodoxie

Ousmane Mbath, représentant de Serigne Mansour Sy à Mboro, fera remarquer qu’il ne peut pas dire qu’Ibrahima Ndiaye a été un disciple du défunt khalife. «Je ne le connaissais pas car je suis venu bien après ces événements à Mboro. Je le rencontrais au marché où il vendait des livres de sciences islamiques», renseigne-t-il. Ousmane Mbath s’est toujours occupé des champs du guide religieux. Les habitants du quartier Ndiob n’ont pas pu confirmer l’appartenance d’Ibrahima Ndiaye à la confrérie tidiane. «Tous ses frères sont des musulmans orthodoxes. Il a quitté le quartier Ndiob pour s’installer à Ngaye Ngaye, le fief des musulmans orthodoxes. Cette communauté y a sa mosquée. Mais ce que je peux dire, c’est qu’il est né dans une famille à Ndiob où les gens sont introvertis, fermés sur eux-mêmes. Ils n’ont pas de contacts directs et fraternels avec les autres membres du quartier. Ils sont d’ailleurs les seuls Ibadou du quartier Ndiob», témoigne Abdoulaye Diop.

Bonnet sur la tête, barbichette de taliban, Ibrahima Ndiaye vend des produits «Akhbatou Sawda» et des livres de sciences coraniques au marché de Mboro. Mais depuis que sa tête est mise à prix, il rase les murs. D’ailleurs, sa tronche n’est plus aperçue dans la cité. Il se terre quelque part dans un trou loin de la furie populaire en attendant que la clameur publique se calme.

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