Engagés dans une lutte commune contre le terrorisme, le Burkina Faso et le Mali doivent aussi veiller à ce que cette guerre n’entame pas leurs relations diplomatiques. Un exercice somme toute difficile compte tenu de la mobilité des groupes contre lesquels ces deux Etats sahéliens doivent faire face. Il peut arriver que des malfaiteurs ayant commis leurs forfaits dans l’un des deux pays, trouvent refuge dans l’autre. Et vice versa.
C’est sans doute dans cette dynamique que des troupes maliennes ont fait irruption à Abaya, un village burkinabé niché dans la commune de Kombori. Seulement, l’appréciation que le Burkina Faso a de cette opération des Famas risque de provoquer un malentendu entre ces deux pays.
Selon une note envoyée par le ministre burkinabé de la Défense à son homologue malien, c’est contre des civils que les soldats maliens du détachement de Ouankoro s’en sont pris au village de Abaya, après qu’un village dozo a été attaqué par des personnes venues de Pê, au Mali. Au cours de cet événement, trois personnes auraient été tuées. « Plusieurs personnes auraient été arrêtées et transférées au Mali et les populations de Abaye terrorisées par cette répression se sont réfugiées à Kombori dans un dénuement total », fait noter le document.
Selon le ministre burkinabé de la Défense nationale, Moumina Saliff Sy, « cette situation a provoqué consternation au sein des forces armées burkinabè qui ont procédé à la constatation des faits ».
Ouagadougou est d’autant plus scandalisé que cette répression est l’œuvre d’une « armée amie » avec qui elle censée travailler, main dans la main pour combattre le même mal.
« Il va sans dire que les mécanismes de coordination que nous avons en commun pour agir sur nos frontières communes n’ont pas été mis en œuvre par nos partenaires du Mali », regrette le ministre burkinabè de la Défense pour qui, « après la mise en œuvre d’opérations conjointes qui ont connu des succès fort appréciables et le renforcement de la coopération au niveau déconcentré entre nos unités, il conviendrait que toute action de cette nature fasse l’objet d’une coordination entre les unités ».
Moumina Saliff Sy conclut sa lettre en demandant au Mali de remettre au Burkina Faso les personnes arrêtées au cours de cette opération.
Coté malien, aucune réaction n’est encore notée.