« Libération Online » met à nu les agissements du parrain de la drogue, Joel Saudron alias « Jamal Kane ». À la tête d’un vaste réseau de trafic de cocaïne, il a réussi à blanchir l’argent issu de son commerce illicite à Dakar. Précisément dans le secteur de l’immobilier. Pourtant Joel Saudron qui a réussi à se procurer une identité sénégalaise, était sous le coup d’un mandat d’arrêt international délivré par Interpol.
Sur les traces d’un parrain…
Tout commence lorsque sous la fausse identité de Max Bernard Honorat Dalon, Joel Saudron dirige une filière d’importation en bande organisée de cocaïne. Il utilisait, avec sa complice du nom de Sarah Demay les services de la société « Demeco marine déménagement » pour transporter la drogue. Lors d’une perquisition au siège de cette entité, les enquêteurs ont mis la main sur 44 kilos de cocaïne et une somme de 288.000 euros conservée dans une pièce qu’occupait Sarah Demay. Ils ont également saisi une série de documents qui révélait toutes les facettes de cette mafia. Face à cette situation, Joel et Sarah quittent précipitamment la Guadeloupe. Sous le coup de deux mandats d’arrêts internationaux décernés par le juge Hervé Robert, les fugitifs rallient le Sénégal.
Localisé à Dakar, aux Almadies…
Au pays de la Teranga, le couple se la coule douce. Joel Saudron disposait même d’une Carte d’identité nationale sénégalaise (numéro 1781200800689) au nom de Jamal Olivier Kane et de deux passeports sénégalais (numéros A00052 et A00206491) au nom de Jamal Kane.
Il vivait à la « Résidence Marrakech » sise aux Almadies et s’était même marié avec une Sénégalaise, N.B.D. Ce, suite à son divorce d’avec Sarah Demay.
Il attaque le Mali devant la Cedeao et jure qu’il s’appelle Jamal Kane, né au Sénégal.
Sentant que les autorités sénégalaises avaient été saisies pour son arrestation, il quitte le territoire national pour le Mali. Sa cavale sera de courte durée puisqu’il y sera arrêté par Interpol et déféré au parquet du tribunal de grande instance de la Commune III du district de Bamako. Ecroué dans l’attente de son extradition, Joel Saudron portera plainte contre le Mali devant la Cour de Justice de la Cedeao prétextant qu’il était Sénégalais et que son nom était bel et bien Jamal Kane. Il est débouté et Ibrahim Boubacar Kéita signe son décret d’extradition.
L’argent de la drogue blanchi dans l’immobilier ?
En pistant l’argent amassé par Saudron grâce à la drogue, les juges apprennent que « Jamal Kane » avait, au Sénégal, des parts dans une société immobilière très connue qui disposait de comptes alimentés sous sa fausse identité sénégalaise.
Cette société immobilière avait un projet à la Cité Tobago, située sur la Vdn, qui devait regrouper à terme 45 villas standing, 50 appartements, des bureaux et des locaux commerciaux, selon les juges qui ont transmis une commission rogatoire au Sénégal.
Ce, pour ouvrir une enquête sur tous les comptes bancaires ouverts dans notre pays par Joel Saudron sous sa fausse identité et procéder à leurs saisies. Les autorités judiciaires françaises demandent aussi au Sénégal d’ouvrir des enquêtes sur toutes les sociétés dans lesquelles Saudron détiendrait des parts mais aussi procéder à des perquisitions au siège ces structures.