34 ans après son assassinat : Le Burkina honore la mémoire Sankara

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Il y a 34 ans, le Président Thomas Sankara tombait sous les balles de ses assassins. Quelques jours après l’ouverture du procès de ses bourreaux devant le Tribunal militaire de Ouagadougou, c’est le Président, Rock Marc Kaboré, qui a déposé hier une gerbe au pied du Mémorial Sankara.

Par Mame Woury THIOUBOU (Envoyée spéciale à Ouagadougou) – Une fanfare, le Président du Faso qui dépose une gerbe de fleurs au pied du monument Sankara. La célébration est assez inhabituelle. Cette année, la commémoration du 34e anniversaire de la mort de Thomas Sankara a été solennelle. En présence du Président Roch Mark Christian Kaboré, la cérémonie s’est déroulée au pied du moment dédié à l’ancien Président. En cette année où le peuple burkinabè a pu assister au démarrage du procès des assassins de Sankara, la célébration revêt un cachet particulier. Et selon l’homme politique, Me Stanislas Benewende Sankara, «cette cérémonie est la preuve manifeste que notre Peuple a fait de Thomas Sankara un exemple de combat mais aussi de valeurs pour la jeunesse, pour continuer son combat». L’avocat, qui se rappelle parfaitement des évènements de 1987 qui ont gravement bouleversé sa vie et celle de centaines d’autres jeunes, salue la réhabilitation de cette figure emblématique du Faso. «Le 15 octobre 1987, j’étais étudiant en Dea. J’ai dû abandonner mes études. Par la suite, j’ai voulu moi-même être avocat et dans ma tête, il fallait défendre Thomas Sankara et défendre ses idéaux. Nous l’avons fait avec des penseurs libres, des journalistes dont certains comme Norbert Zongo en ont payé le prix fort. Nous avons connu la dictature sous Blaise Compaoré mais le Peuple burkinabè est resté dans la résilience et il a résisté dans ce combat», souligne Me Sankara qui refuse tout de même de verser dans l’autosatisfaction. En effet, l’avocat et ancien candidat la Présidentielle, estime que les célébrations de cette année sont un signal fort.
Dans la matinée du 15 octobre, la veuve de Thomas Sankara, Mariame, a dévoilé une statue dans l’enceinte de l’université qui porte son nom. «C’est un signe fort de l’éducation que nous allons donner à la jeunesse, aux étudiants pour qu’ils se formatent dans ces valeurs, notamment dans l’intégrité qui est la caractéristique principale du Burkina Faso, pays des hommes intègres en référence au Président Sankara. Mais pendant 27 ans, c’était un black-out. On a essayé d’effacer sa mémoire.»
Pour cet avocat, cette année est l’aboutissement de 34 ans de lutte. Une lutte qui a abouti aujourd’hui au procès des assassins de Sankara. Un procès sans le principal accusé, Blaise Compaoré, refugié en Côte d’Ivoire et doté d’une nouvelle nationalité. Mais pour Me Sankara, cela ne saurait perturber le bon déroulement de ces assises longuement attendues. «Le procès a pu avoir lieu parce que ceux qui l’ont tué (Sankara) n’étaient plus là pour bloquer la justice. C’est une justice libre, indépendante qui est en train de faire son travail. C’est un procès équitable où les accusés ont droit à des avocats et pour nous, c’est la marche de tout le Peuple burkinabè avec le soutien de tout le monde. Thomas Sankara n’appartient plus seulement au Burkina Faso mais à l’Afrique. Et ce procès pénal, ce sont les faits et la procédure. Si la procédure est respectée, ce sont les faits qui jugeront Blaise Compaoré par contumace, s’il ne se présente pas. Ne pas se présenter, c’est à ses risques et périls parce que s’il doit être condamné, le juge retiendra la peine maximale.»
34 ans après sa mort, Sankara a donné naissance au sankarisme. Une doctrine que la jeunesse du Faso s’est appropriée et qui l’a poussée à mener la lutte pour se libérer du Président Compaoré. Ce qui fait dire à Me Sankara que  «Thomas Sankara n’est pas mort. On disait que des milliers de Sankara allaient naître. Eh bien, des millions de Sankara sont nés au Burkina et un peu partout dans le monde», dit-il.

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