Mr Mass Thiam, Coodonnateur de l’UCG :  » Arrêtons de dégrader notre environnement « 

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L’Etat du Sénégal a décidé de mettre en place, en relation avec des bailleurs de fonds, un projet de résorption de la décharge de Mbeubeuss et de mise aux normes d’autres décharges du pays. Pour le coordonnateur de l’Ucg qui fait la révélation, Mass Thiam, ce projet dénommé : PROMOGED va couvrir une bonne partie du territoire national avec la réalisation de plusieurs infrastructures de collecte, de valorisation et de recyclage des déchets. Mais, en attendant, Mass Thiam exhorte, dans cet entretien, les populations à arrêter de dégrader notre environnement et à respecter ceux qui nettoient nos villes pendant que nous dormons.

Septafrique :Vous étiez dans les télécoms, vous vous êtes totalement reconverti, peut-être, en vous orientant vers l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides? Qu’est-ce qui s’est passé ? Le déclic ?

Mass THIAM :A ce stade, je pense qu’il est prématuré de parler de reconversion, parce que je suis encore dans ma longue courbe d’apprentissage ; mais aussi parce que je suis loin d’être un spécialiste des télécommunications. Je me définis plutôt comme un simple gestionnaire d’entreprise quel que soit le secteur d’activités. Maintenant, j’ai été choisi par les autorités du pays pour diriger l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (UCG) et je les remercie au passage de m’avoir donné cette opportunité parmi tant d’autres Sénégalais. Je ne suis guidé que par le sens du devoir et du service rendu à notre pays. Vous pouvez donc appeler déclic cette conjonction entre l’opportunité offerte et ma volonté de servir.

Peut-on classer aujourd’hui Dakar parmi les villes les plus propres d’Afrique ? Disons sur une échelle de 1 à 10, sur quelle marche placeriez-vous Dakar, et pourquoi ?

Ce serait vraiment prétentieux de ma part d’entrer dans ces considérations à ce jour pour deux raisons : d’abord parce que la propreté est une notion complexe qui s’apprécie à plusieurs niveaux, elle est aussi dynamique et je n’ai pas de données fiables sur le niveau de propreté de telle ou telle autre ville africaine ; ensuite et surtout parce que, je considère que nous sommes très loin de l’objectif. Donc, la comparaison est certes source d’émulation mais laissons-nous le temps d’asseoir les fondements solides d’une véritable politique de gestion intégrée et durable des déchets… Après cela,nous pourrons parler de ville propre et nous ironsdans des comparaisonsaux autres.

Parlez-nous du projet Allo déchets…

Allo déchets est un tout nouveau concept lancé le 07 avril dernier pour prendre en charge les préoccupations de nos concitoyens en matière de collecte des ordures ménagères. Il s’agit d’un service de réclamations à l’écoute de nos concitoyens avec des moyens logistiques destinés à une réaction rapide pour combler les failles dans la collecte des ordures. C’est donc un palliatif ponctuel aux dysfonctionnements opérationnels de notre système classique, mais aussi une source d’information incroyable pour la prise de décisions.
Nous sommes dans une phase test sur Dakar uniquement pour le moment avec pour ambition de nous étendre sur tout le territoire national.

Quelle stratégie avez-vous déployé pour mener à bien ce projet ?

A l’image de tous nos projets à l’UCG, nous avons organisé Allo déchets autour d’une équipe pluridisciplinaire (Informaticiens, techniciens, commerciaux, administratifs, etc..) et dans un esprit participatif. Pour être plus précis, nous avons mis en place une stratégie de développement allant de l’identification du besoin à satisfaire, la quantification des moyens, la planification technique, le tout encadré par un project team leader en charge de la coordination globale. Des objectifs précis aussi avaient été assignés à l’équipe projet en termes de délais, etc. Et, enfin, bien entendu, un mécanisme de suivi.

Les populations vous facilitent-elles la tâche ?

Si vous faites référence à la réalisation des prestations attendues d’Allo déchets, nous n’avons vraiment aucun souci. Les populations nous accueillent avec beaucoup de courtoisie et nous témoignentleur satisfaction après nos interventions ; et pour nous, c’est le plus important. Mais, c’est l’occasion pour moi de rappeler à mes concitoyens leurs devoirs envers le cadre de vie commun de manière générale. Comprenons juste que chaque franc dépensé pour nettoyer, c’est un franc de moins qu’on aurait pu mettre dans l’éducation ou la santé…, donc de grâce arrêtons de dégrader notre environnement et respectons ceux qui nettoient nos villes pendant que nous dormons.

Avez-vous adopté de nouvelles mesures sanitaires dans ce contexte de Covid-19 où l’hygiène est de rigueur ?

En toute franchise, nous avions commencé à relever notre niveau d’exigence sanitaire tout juste avant le Covid-19. En effet, plusieurs actions ont été mises en place, mais le Covid-19 nous a obligés à aller plus loin et plus vite. Nous avons commencé par remettre en place une dotation complète d’Equipements de Protection Individuelle (EPI) à tous nos agents, puis bien évidemment des masques, gants, du gel et du savon qui est plus adapté à notre métier. Des stations de lavage ont aussi été mises en place au niveau de la décharge de Mbeubeuss, où nous procédons aussi à la distribution régulière de kits sanitaires aux récupérateurs qui ne doivent pas être oubliés.

Nous sommes allés même plus loin en mettant en place des points propreté dans les marchés et autres endroits recevant du public. Vous conviendrez avec moi que ce n’est pas lié à notre mission principale de collecte de déchets, mais on peut le considérer comme une action RSE (Responsabilité sociétale d’entreprise) dans notre volonté de contribuer à l’effort de prévention au niveau national, malgré la faiblesse de nos moyens.

Les habitants de Mbeubeuss se plaignent de la proximité avec lafameuse décharge. Avez-vous prévu une autre zone pour recueillir les déchets de la ville de Dakar ?

Permettez-moi de rendre hommage aux populations riveraines de la décharge de Mbeubeuss, et celles qui y travaillent aussi pour leur extraordinaire capacité de résilience. Il y a eu ça-et-là des soubresauts par moments, mais nous arrivons jusque-là à rester dans une dynamique constructive et unitaire dans le respect des intérêts de toutes les parties prenantes. Par contre, il est important de souligner que l’Etat du Sénégal a décidé de mettre en place, en relation avec des bailleurs de fonds, un projet de résorption de la décharge de Mbeubeuss et de mise aux normes d’autres décharges du pays. Ce projet dénommé : PROMOGED va couvrir une bonne partie du territoire national avec la réalisation de plusieurs infrastructures de collecte, de valorisation et de recyclage des déchets. Et, bien évidemment, que Mbeubeuss est au centre de nos priorités et sera traitée et résorbée pour neutraliser les impacts environnementaux.

Nous sommes à l’ère du développement durable, et on parle de la valorisation des déchets… Pensez-vous à transformer le contenu des décharges ?
La valorisation des déchets est un maillon-clé et une absolue nécessité pour l’écosystème industriel que nous devons bâtir dans notre pays autour des déchets. Des efforts importants ont certes déjà été entrepris par l’Etat et d’autres sont en cours avec le PROMOGED qui arrive. C’est d’ailleurs dans ce cadre que de nouvelles infrastructures aux normes,tels que des centres de tri et des centres intégrés de valorisation des déchets verront le jour au Sénégal.
Ces infrastructures nous permettront d’aller vers ce qui est communément appelé une«économie circulaire des déchets», par opposition au système actuel qualifié«d’économie linéaire des déchets»,parce que sans valorisation et recyclage. Cependant, d’autres préalables subsistent parmi lesquels je peux citer la formation professionnelle aux métiers de déchets, l’amélioration du statut et des conditions de travail des agents de la profession, la mise aux normes de notre dispositif de collecte, la sensibilisation au changement des habitudes, etc., bref tout un programme qui nécessite de gros moyens mais qui nous projettera obligatoirement vers d’autres niveaux de développement.

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